Merlin tenta de reprendre ses esprits. Bien sûr, il le connaissait par cœur, ce chiffre, huit cent quarante-quatre francs par mois, douze mille francs par an, avec lesquels il avait végété toute sa vie. Rien à lui, il mourrait anonyme et pauvre, ne laisserait rien à personne, et de toute manière, il n'avait personne. La question du traitement était plus humiliante encore que celle du grade, circonscrite aux murs du ministère. La gêne, c'est autre chose, vous l'emportez partout avec vous, elle tisse votre vie, la conditionne entièrement, chaque minute elle vous parle à l'oreille, transpire dans tout ce que vous entreprenez. Le dénuement est pire encore que la misère parce qu'il y a moyen de rester grand dans la ruine, mais le manque vous conduit à la petitesse, à la mesquinerie, vous devenez bas, pingre ; il vous avilit parce que, face à lui, vous ne pouvez pas demeurer intact, garder votre fierté, votre dignité.» p. 497
Au revoir là-haut
Pierre Lemaître
Le Livre de poche
J'adore...
RépondreSupprimerBon après midi, bises.
J'ai beaucoup aimé ce roman, avec lequel j'ai découvert l'auteur, le L de mon challenge ABC 2016. Je mets le lien avec mon pseudo.
RépondreSupprimerCe qui est intéressant aussi dans la citation, c'est qu'elle va contribuer à faire basculer l'intrigue d'un côté... doublement inattendu.
Je n'ai pas compris la raison qui a conduit Édouard à refuser toute chirurgie réparatrice, et la fin m'a laissée sur ma faim… J'aurais bien voulu savoir ce que devenaient Albert, et aussi Louise, dont il dit « qu'elle n'eut pas un destin très remarquable, du moins jusqu'à ce qu'on la retrouve au début des années 1940. » Que fit-elle, au début de ces années ?
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