mercredi 29 février 2012

Complot à Versailles (trilogie), Annie Jay

On dirait que je n'arrive plus à lire pour moi-même en ce moment mais je ne peux rester sans rien lire pour autant. Comme je n'arrive pas à venir à bout d'Orgueil et Préjugés (c'est grave, docteur ?), entamé à la suite des Quatre Sœurs,  j'ai encore pioché quelque chose chez l'Unique. Une copine lui avait offert Complot à Versailles l'été dernier, nous avions emprunté La Dame aux élixirs à la bibli et elle a reçu L'Aiguille empoisonnée pour son anniversaire.
Les histoires sont dans l'ensemble bien menées et très documentées, avec des notes explicatives en complément. On y apprend pas mal de choses sur la vie au XVIIe siècle, chez les grands comme chez les petits. Surtout, surtout, au-delà des intrigues, je les ai trouvés très instructifs quant à la condition féminine de l'époque et au chemin parcouru depuis…
En cherchant des informations sur cette auteure, dont les livres sont étudiés au collège, j'ai découvert que sa vocation est née d'un pari lancé par ses neveux qui l'avaient mise au défi d'écrire une histoire, défi qu'elle a brillamment relevé avec le premier volume de cette série.

À la 4e de couv' du Complot à Versailles, je préfère ce résumé, issu de plusieurs sources :
Le récit commence en 1676. Une fillette âgée d'environ 9 ans est sauvée de la noyade par Guillaume de Saint-Béryl. Guillaume et sa sœur Pauline sont issus d'une famille noble mais désargentée. Leur grand-père, Charles de Saint-Béryl, valet de Louis XIV durant la Fronde, a été injustement disgracié. La famille vit chez les Drouet depuis que le fils de Charles et père des enfants est mort au champ de bataille et que leur mère s'est retirée dans un couvent. Ils recueillent l'enfant qui, conséquence du choc subi, s'avère amnésique et choisit de s'appeler Cécile. Elle sera adoptée par Catherine Drouet et deviendra vite la meilleure amie de Pauline, mais se tiendra à distance de Guillaume, qui l'intimide beaucoup...
Voyant que ses petits-enfants n'arrivent pas à se faire une place dans le monde en raison de sa disgrace, Charles se décide à écrire à Louis XIV, qui le réhabilite et appelle Pauline et Guillaume à Versailles. Pauline sera demoiselle de la reine Marie-Thérèse et Guillaume garde-écossais. Pauline emmène Cécile avec elle, officiellement comme servante, mais cette dernière se fera surtout connaître et apprécier pour ses talents de guérisseuse, acquis auprès de sa mère adoptive.
À la suite d'un malentendu Pauline rencontre Louis XIV et s'attire la haine de Mme de Montespan, son ancienne favorite. Nous sommes en pleine affaire des Poisons et celle-ci prépare en cachette la mort du fils à naître du dauphin afin de favoriser l'accession au trône de ses propres enfants, légitimés par le roi. Pauline, Cécile, Guillaume et leurs amis vont tout faire pour l'en empêcher et, finalement, apprendre la véritable identité de Cécile, fille de nobles espagnols assassinés par un frère jaloux.

La Dame aux élixirs (4e de couv)

Versailles, 1682. À la cour, les dames s’arrachent les remèdes d’une certaine Mme Jouvence pour embellir ou rajeunir. Mais Héloïse de Montviviers, une amie de Mme de Montespan, réchappe de peu à la mort après avoir utilisé certains de ces produits miracles. Alors que Pauline tente de mettre de l'ordre dans ses sentiments pour le beau Silvère, Cécile enquête de son côté : qui donc se cache derrière la « dame aux élixirs » ? Toujours main dans la main, et plus que jamais amies, les deux demoiselles d'honneur vont tenter de démêler de sombres intrigues. Car pour évincer une rivale ou gagner le cœur du roi, tous les coups sont permis…
(Peut-être celui que j'ai le moins aimé des trois, dont l'intrigue a paru un peu fleur bleue à mes yeux d'adulte malgré des passages forts…)

L'Aiguille empoisonnée

À la fin de 1682, Pauline, Cécile et leurs fiancés respectifs sont à la cour, à Versailles, où il faut toujours paraître et plaire au roi. Afin de se plier aux souhaits royaux, Pauline et Cécile se font faire en secret des robes par Agnès, une amie de Cécile, remplisseuse au service de la reine. Les femmes à l'époque ne peuvent coudre que des sous-vêtements ou des vêtements d'intérieur, la confection de vêtements de jour étant réservée aux  seuls hommes. Agnès enfreint donc la loi avec l'aide de son fiancé, Julien, et l'appui des deux jeunes filles. Mais ses créations ne passent pas inaperçues lorsque portées par Pauline et Cécile, au point d'aiguillonner, si besoin était, la jalousie de Mme de Montespan qui, espérant toujours retrouver la faveur du roi, cherche à s'approprier les services du mystérieux créateur de ces tenues.
C'est alors que disparaît la cassette contenant les pierreries que devait coudre Agnès, tandis que les morts suspectes se multiplient et que cette dernière disparaît. Cécile et ses amis mènent l'enquête afin de retrouver Agnès, la cassette de la reine et découvrir qui se trouve à l'origine des assassinats.

Sorte de satellite de ces trois romans, À la poursuite d'Olympe relate l'histoire d'une jeune fille de la noblesse qui, fuyant le couvent où son père, sous l'influence de sa nouvelle épouse, veut l'enfermer pour disposer de sa dot, se cache au sein du petit peuple de Paris et (de mémoire) finit par croiser Pauline et Cécile. Ce récit s'adresse à mon sens aux ados un peu plus âgé(e)s que les trois précédents ; il y est question de prostitution.


***

Si le zéro faute n'existe pas en termes de correction il est dans le cas présent évident que la relecture de ces volumes n'a pas été confiée à un professionnel : pas moins de quatre erreurs relevées rien que dans les dix premières pages du Complot, par exemple, et une mention spéciale pour celles de ponctuation dans l'ensemble des livres – je me suis demandé si elles n'avaient pas été ajoutées, tant on en trouve ! C'est fort dommage, cela gâche le plaisir de qui prête attention à ce genre de «détails» (comme quand une virgule sépare sujet et verbe ou qu'on en colle une après une conjonction de coordination alors qu'il n'y a pas de mise en incise)… Il ne suffit pas d'être «bon en français» pour devenir correcteur et je peine à croire qu'une maison comme Hachette n'a pas les moyens de se payer les services de gens dont c'est le métier : il y a deux ans, sur la base d'un tirage à huit mille exemplaires, le travail d'un correcteur revenait à 0,45% du prix d'un livre vendu 17,90 euros. Bien la peine de se lamenter, après ça, sur l'appauvrissement de la langue, la baisse du niveau culturel des gens et j'en passe et des meilleures. Une autre chose qui me navre dans l'histoire, si l'on peut dire, c'est que, par-delà les récits eux-mêmes, encore une fois bien documentés et agréables à lire, ces textes sont étudiés au collège… Comment, dans ce cas, attendre des jeunes qu'ils écrivent convenablement ? Faut-il se résigner, se dire que ça participe de l'évolution de la langue ou se dire que ce n'est  rien d'autre que du nivellement par le bas ?
Pour mémoire (clic)…


Complot à Versailles,
La Dame aux élixirs,
L'Aiguille empoisonnée,
À la poursuite d'Olympe,
Le Livre de poche jeunesse

9 commentaires:

  1. Complètement d'accord, je ne supporte plus les coquilles et fautes. Cela altère la lecture et provoques des fautes ultérieures chez certains lecteurs. Il m'est arrivé une fois sur un polar de le corriger intégralement (des fautes à chaque page, une horreur) et de le renvoyer à l'éditeur en lui disant que je me tenais à sa disposition. Bien entendu aucune réponse, et cet éditeur continue à vendre ses polars illisibles.

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  2. J'ai déjà entendu parler à maintes reprises de gens qui ont fait comme toi ; et même de correcteurs qui auraient trouvé du boulot par ce biais. Je ne sais si c'est vrai ou si c'est une légende urbaine (ça me semble un peu trop beau pour être vrai, surtout quand on connaît un peu ce milieu). Je devrais peut-être essayer, ça mettrait du beurre dans les épinards…

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  3. Je pensais jusqu'à présent que les multiples fautes et coquilles étaient l'apanage de l'auto-édition mais j'ai aussi croisé (et été choquée) par des grosses fautes ou coquilles (mots qui se répètent, bouts de phrase tronqués...) dans des Livre de Poche qui par définition ont été lus et relus avant édition sous ce format !!!

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  4. Une réédition en poche devrait permettre de rattraper les diverses erreurs laissées précédemment mais, sauf exception, les textes ne sont pas (plus) relus puisqu'il s'agit d'un simple changement de format…

    Pendant ce temps mon beau métier se meurt et nous sommes de plus en plus à ne plus pouvoir en vivre…

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  5. Je ne sais pas si d'aucuns ont trouvé du boulot comme ça mais là, en l'occurence, c'était une petite maison qui vend des polars vite bâclés destinés aux touristes (chaque roman se passe sur un lieu de vacances de la côte)et on m'a dit depuis qu'ils ne paient aucun correcteur ( et ça se voit). Quant aux fautes dans mes propres coms et sur mon blog...au secours! Je ne fais aucune faute sur papier et je les repère sur livre, mais le passage à l'écran est toujours redoutable (la faute à mon cerveau défectueux, dixit le docteur).

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  6. À propos de ce petit éditeur, je crois que tu dis tout quand tu écris "vite bâclés".
    Pour le reste, faute avouée est à moitié pardonnée :D Il m'arrive aussi d'en faire. De mémoire, la seule récurrente que je trouve chez toi est l'usage de plusieurs deux-points dans une même phrase, que ça, c'est pas possible, m'dame :-)

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  7. En même temps, dans une société qui laisse diffuser des trucs stupéfiants à la télé, qui choisit le "collège unique" dans toute son absurdité, qui met du langage sms dans ses manuels scolaires qui n'expliquent plus le monde mais se contentent de faire de la propagande... je crois malheureusement qu'on ne peut pas attendre beaucoup plus de bon sens dans la correction des livres destinés aux jeunes gens...
    Enfin à mes yeux, c'est une part d'un problème très global.

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  8. J'avoue appréhender le cap du collège en partie à cause des manuels. Je discutais avec quelqu'un dont la fille est en 6e l'autre jour et qui me disait que ses manuel de français ne comprenait aucune phrase interrogative…
    Va falloir chercher de quoi pallier ça.
    Cette semaine j'ai vu une affichette dûment estampillée par le ministère de la Santé qui disait un truc du genre : "Pourquoi vous avez peur alors que c'est moi qui suis séropositif ?"
    En même temps, on est passés d'un monde où l'élite était tout de même cultivée à : "Descends, si t'es un homme", pour ne reprendre que le moins grossier de ces exemples (et ça me fait mal de penser que ce personnage est censé représenter une élite quelconque)…
    On n'a pas la télé, je ne sais donc pas trop comment ça se passe devant les caméras (en même temps je ne me fais guère d'illusions), mais écouter la radio est souvent édifiant aussi par rapport à ça. Je ne sais pas non plus comment ça se passe dans les autres stations mais je sais que, pourtant, à Radio France, ils ont (avaient ?) un "Micro-guide" pour éviter un maximum de fôtes… tous les présentateurs ne doivent pas l'avoir lu…

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  9. Ah, zut, mauvais repentir. Il faut bien sûr lire "son manuel de français"…

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