À l'occasion des prochaines journées du Patrimoine, les 19 et 20 septembre, l'armée de la Wool War One défilera au Grand Palais. Ceux qui n'ont pu se rendre à Roubaix mais peuvent venir à Paris découvriront ainsi cette installation, les millions de mailles sorties de nos mille mains, dans ce lieu bâti pour l'Exposition universelle de 1900. Initialement conçu pour abriter spectacles et expositions temporaires (il est connu jusqu'en 1947 sous le nom de « Grand Palais des Beaux-Arts »), l'État le réquisitionne le 2 août 1914 pour accueillir et équiper les troupes de l'infanterie coloniale avant leur départ au front. Vaste casernement dans un premier temps il devient hôpital militaire durant la bataille de la Marne, les hôpitaux des zones de combat ayant été détruits – on dénombrera au fil de la guerre pas moins de deux cent quatre-vingts hôpitaux temporaires dans Paris. Des travaux d'aménagement sont entrepris dès le mois de septembre et il reçoit ses premiers blessés le 1er octobre 1914. Sept cent quatre-vingts lits s'y trouvent alors, il en abritera mille deux cents à la fin de la guerre.
Sept cent quatre-vingts, c'est le nombre de nos soldats en laine : Paul, Louis, Charles, John, Antonio, Boris, Ali, Oman, mais aussi Hans et Franz, tous seront au Grand Palais. Ils sont la mémoire des quatre-vingt mille blessés qui y séjournèrent avant de retourner sur les champs de bataille. Après ces deux jours ils traverseront l'Atlantique et se poseront à Montréal.
«Récit silencieux et dérisoire de neuf millions de vies minuscules broyées» : l'exposition d'Anna, notre exposition, a ouvert ses portes samedi à Roubaix. Je n'ai pas pu m'y rendre mais deux des mille mains à avoir participé au projet ont eu la bonne idée de ce partage. Il n'y a eu ni flonflons ni vernissage mais ceux qui le pouvaient se sont retrouvés là-bas pour voir en grand ce qu'on avait pu apercevoir lors de nos Woolstock et passer un moment ensemble. Grégoire Marchal a de son côté réalisé un album photo de l'événement.
Préchauffer le four à 150°. Mélanger les flocons d'avoine, la farine, le sucre et la noix de coco. Faire chauffer le beurre avec le sirop. Mélanger à part le bicarbonate avec l'eau bouillante et ajouter au mélange beurre et sirop. Ajouter le tout aux ingrédients secs. Former des tas espacés sur une plaque à pâtisserie. Cuire durant une vingtaine de minutes et laisser refroidir avant de déguster.
Les Néo-Zélandaises préparaient et envoyaient ces biscuits à leurs hommes partis se battre en Europe durant la Première Guerre mondiale. Ils étaient conçus pour résister au long voyage vers nos contrées. La noix de coco, en revanche, n'aurait été introduite qu'à partir de 1927. Les oatmeal biscuits furent d'abord surnommés «soldiers' biscuits» avant d'être renommés «ANZAC* biscuits» après la bataille des Dardannelles. Ils sont toujours commercialisés et utilisés pour recueillir des fonds pour les associations d'anciens combattants néo-zélandais et australiens. Ils sont également prisés des randonneurs, en raison de leur longue conservation.
Nous avons pu en déguster lors du Woolstock de septembre dernier, la biscuiterie qui les avait préparés avait glissé la recette dans les boîtes.
Les dernières vestes pour illustrer celle qui aurait dû être la der des der mais qui ne fit que préparer la suivante sont prêtes à partir. Je joins à cet envoi les Mémoires écrits par le grand-père de l'Homme après son retour de captivité et un carnet trouvé par une amie dans le grenier de la maison qu'elle venait d'acheter. Le tout a été scanné et gravé sur CD, les fichiers étant trop lourds pour un envoi virtuel.
Le fil bleu qui à distance me liait à Anna et aux autresvolontaires est devenu une fleur, glissée dans l'enveloppe avec les redingotes et le CD.
Montée sur une épingle à chapeau, j'espère qu'elle plaira à sa destinataire.
Je suis contente d'avoir participé à ce truc fou et flou, infaisable et inutile mais magnifique, contente de m'être lancée dans l'affaire et de m'y être tenue…
Nous étions quelques dizaines à retrouver Anna – la dame du Délit Maille – sur le parvis de la gare de l'Est dimanche dernier, afin de lui remettre les vêtements tricotés pour son armée en laine et nous faire une idée du rendu final. L'occasion aussi de vêtir les «tout nus», et participer ainsi au processus complet de préparation de l'expo qui débutera aux premiers jours de décembre.
Euh, les jambes sont de longueur identique, contrairement à ce que laisse croire la photo.
J'avais lu que chaque pantalon pesait 2 g. Les miens sont plus lourds, et j'en aurai tricoté un peu plus de dix-neuf. J'avais bien vu qu'il ne me restait pas suffisamment de fil pour un vingtième, j'ai pensé que quelqu'un d'autre pourrait le terminer mais il n'y en aura pas besoin (un véritable trafic de bouts de laine s'est mis en place au cours des mois…).
Engagez-vous, rengagez-vous, qu'ils disaient…
J'étais repartie de la réunion précédente avec une pelote pour, cette fois-ci, tricoter des redingotes. Quand quelques semaines plus tard Anna a lancé un appel à renforts je me suis portée volontaire pour une nouvelle série de ces manteaux. Les pantalons, tricotés aux aiguilles 2, venaient dans les proportions demandées par le modèle. Je les ai reprises pour le premier paletot mais, bizarrement, il s'est avéré trop petit et j'ai poursuivi aux aiguilles 2,5. Toujours selon les indications données, j'ai commencé par coudre les pièces pour les assembler. N'étant pas satisfaite du résultat, j'ai continué en fermant les épaules à trois aiguilles et en montant directement les poches sur le corps, réduisant ainsi le temps de couture et le nombre de fils à couper et rentrer.
Beaucoup de monde s'est approché pour nous voir à l'ouvrage, admirer et photographier le résultat sur les tables, et discuter. La plupart des soldats en laine sont français mais toutes les forces en présence seront représentées. Anna avait pris soin de mettre dans sa valise un prototype de la plupart d'entre eux. Certains étaient déjà là au printemps dernier, d'autres ont vu le jour depuis…
Un Belge au pompon rouge, à côté d'un Brésilien (le Brésil a surtout envoyé du personnel médical, si j'ai bien compris). Derrière eux, un représentant de l'Empire britannique, déjà vu en avril, près d'un Russe.
Un Écossais, un soldat dont je n'ai pas retenu la nationalité (si quelqu'un sait…)Italien (merci Fil Follet !), un Américain. On devine le casque à pointe d'un Allemand derrière l'Écossais. Je crois me souvenir d'un Ottoman mais je ne l'ai pas retrouvé sur mes clichés, et j'ai appris qu'il y aura aussi des infirmières.
Au bout de la deuxième table, le fez rouge d'un tirailleur sénégalais (déjà vu en avril dernier).
Étranges sensations, que celles d'habiller ces petits personnages. Celle de s'adonner à un rituel vaudou, et la pensée de ces millions d'hommes pas en laine qui n'en reviendront pas indemnes, de ces millions d'hommes de chair et d'os qui n'en reviendront pas. La pensée d'un arrière-grand père dont je n'ai connu que deux clichés dont le souvenir même s'estompe, revenu les poumons en charpie avant de laisser sa fillette de cinq ans à jamais inconsolable.
Chapeau à celles qui ont tricoté les minuscules accessoires. Le travail a dû leur paraître interminable.
Ils seront au moins sept cent cinquante à Roubaix.
Ce rendez-vous se déroulait dans le cadre de l'éphémère installation de l'Association pour l'histoire des chemins de fer, 1914-2014, du pain et des liens.
Des hauts parleurs avaient été disposés sur le parvis afin de restituer l'environnement sonore de l'époque. Bien des départs pour le front, notamment pour Verdun, se sont déroulés depuis la gare de l'Est.
Prochaine étape : Lille…
Au retour, avant de s'engouffrer dans le métro, découvrir les photos de Didier Pazery.
Entre les mains de ces très vieilles personnes, une photo d'elles datant des années de la Première Guerre mondiale.
Il n'y a quasiment plus de témoins directs de cette période et nous sommes maintenant les hommes qui ont vu les hommes qui ont vu…
On trouvera de meilleurs clichés sur la page Facebook de l'expo.
P.-S. Fil follet relaie chez elle le compte-rendu d'Anna sur Facebook.
Un nouveau top-down pour la douce, à rayures parce qu'elle aime ça, terminé depuis un moment, avant de m'occuper des gens en laine du Délit. Le postulat de départ consistait à utiliser les fils que j'avais et même, soyons fous, à liquider quelques fins de pelotes. Initialement imaginé gilet, il a évolué en chandail – à la demande de la Demoiselle qui, pourtant, jusque-là, n'aimait pas ça – puis en tunique avant de devenir robe. Du moins pour l'instant, puisque la préado grandit beaucoup.
Laine BB mérinos de Fonty tricotée aux aiguilles 3,5 pour ce giletchandailtuniquerobe.
Chaque bande de couleur représente plus de deux heures de travail. Les aiguilles 3,5, c'est plutôt fin… L'encolure est montée sur 102 mailles. Huit aumgentations tous les deux rangs, 35 fois, soit 382 mailles avant d'entreprendre le corps de la chose. Encore un effort et je serai mûre pour me lancer dans un châle à 500 mailles et plus…
Une méthode, parmi d'autres, pour éviter un décalage lors des changements de couleurs…
J'avais presque terminé la série d'augmentations quand la Demoiselle m'a fait part de sa préférence pour un chandail, d'où la bande de boutonnage, qu'elle pourra porter devant ou derrière – un avantage de ce type de modèle.
Le défi que je m'étais fixé n'a pas exactement été relevé : je n'ai pas utilisé toutes les teintes que j'avais, soit qu'il ne m'en restait pas suffisamment, soit qu'elles ne s'harmonisaient pas avec l'ensemble – j'en ai même acheté d'autres ! – et si ma réserve de laines a baissé, je ne serai venue à bout que de quatre ou cinq pelotes, en plus de celles largement entamées.
Je vais attendre un peu avant d'entamer un nouvel ouvrage à rayures.
À l'arrivée un résultat mitigé. Je me suis laissée porter par l'inspiration mais ne sais toujours pas quoi penser des bandes du milieu. Peut-être aurais-je dû les supprimer, ainsi que la deuxième bande verte, mais j'avoue ne pas avoir eu le courage de défaire toutes ces heures de travail. La Demoiselle à qui j'ai régulièrement demandé son avis m'a répondu : «Moi, tant qu'il y a de la couleur, ça me va !»
Après ces semaines passées à coudre, en fin d'année dernière, je ressentais le besoin d'occuper mes doigts différemment. J'ai été servie avec cet ouvrage-là, qui m'aura occupée trois bons mois, entre les différents essais de largeur de rayures et de teintes. Il m'a bien tenu chaud cet hiver au fur et à mesure qu'il s'allongeait mais il était temps que je le termine : il menaçait de se transformer en boulet et mes aiguilles 2 commençaient à s'impatienter !
À emporter ce tricot à peu près partout avec moi durant un trimestre pas mal de peluches se sont formées, dont la plupart a disparu après un premier lavage. J'ai cherché des solutions pour le débarrasser de celles qui restaient mais le seul conseil trouvé consistait à le mettre au congélateur, comme les pulls en mohair ou en angora pour qu'ils ne perdent plus leurs poils. Ce traitement et un deuxième lavage n'ont rien donné de probant, et je croise les doigts pour que les peluches restantes partent simplement à l'usage.
Chacun de ces pantalons mesure 5,5 centimètres et pèserait environ 2 grammes – j'en ai donc tricoté à peu près la moitié. Ceux-là ont déjà été remis à Anna – la dame du Délit Maille – hier samedi, lors d'une rencontre dans un bistrot bellevillois. Le plus fastidieux dans l'affaire est de monter les mailles : le fil est à peu près de la même couleur que mes aiguilles, pas commode pour le comptage. L'effet ton sur ton s'estompe heureusement dès que l'ouvrage prend corps.
Notre rencontre a été filmée, un reportage sera diffusé sur TV5 (il me semble) le 14 avril à l'heure du déjeuner (je crois). Un clic sur la photo permet de l'agrandir.
Ces petits personnages mesurent environ 17 centimètres.
Ça a causé, rigolé, grignoté, bu et… tricoté. Outre Anna qui arrivait de Lille, certaines étaient venues d'assez loin : Essonne, Yvelines, Aube, peut-être d'autres endroits que je n'ai pas retenus mais il y avait même une Roubaisienne !