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vendredi 3 novembre 2017

Le vent

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre,
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs,
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes,
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l’eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d’oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement, du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
— Le vent sauvage de Novembre ! —
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d’éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d’église,
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.

Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L’avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d’ahan,
Celui des peurs et des déroutes ;
L’avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n’en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?

Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.

Émile Verhaeren

mardi 25 juillet 2017

À partir d'un incipit

«Elle parle vite.» Les mots sortent en rafale, saccadés, mais le flot semble intarissable. Elle dit le choc, la peine, le chagrin, la solitude et l'isolement. Elle dit qu'elle n'a plus rien, qu'elle n'est plus rien. Qu'elle n'arrive pas à se projeter dans un futur quel qu'il soit et ne sait donc ce qui l'attend. 
Elle ne s'apitoie pas sur son sort, elle considère les choses avec lucidité, froidement, malgré sa tempête intérieure. Elle a beau tourner les choses encore et encore dans sa tête elle peine à comprendre ce qui lui est arrivé et ne sait combien de temps il lui faudra pour s'en relever, pour retrouver un désir d'aller de l'avant.
Maintenant les larmes coulent. Elles jaillissent toutes seules et leur flot à elles aussi ne semble pas pouvoir s'arrêter. Elle pleure comme elle n'a jamais pleuré. De tout son corps, de toute son âme, de tout son cœur. Si au moins ces larmes pouvaient lui apporter un apaisement, mais plus elles coulent et plus elle a l'impression de sombrer.
L'épuisement finit par la rattraper, elle ferme les yeux, toujours secouée par les sanglots. La peine était trop forte, elle a pris un comprimé pour l'aider et le sommeil la cueille. C'est déjà le petit matin, il ne lui reste que quelques courtes heures à dormir et la journée qui l'attend s'annonce bien remplie.
Elle se réveille trois heures plus tard mais, étonnamment, elle parvient à se mettre en train sans trop de difficultés, et s'offre même le luxe d'aller à pied à son premier rendez-vous et d'arriver en avance.
Pendant ce temps elle en arrive à presque oublier le vertige qui l'habite.


samedi 3 juin 2017

Luxe, calme et volupté

Ce n'est pas le plus connu des tableaux d'Henri Matisse, qui l'a peint en écho à L'Invitation au voyage de Charles Beaudelaire. Je me suis amusée à le décliner. D'abord sur du papier ordinaire puis sur un papier de meilleure qualité.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Feutre noir. L'ordinaire papier employé n'a pas permis de jolis lavis partout.
 Feutre noir.
Lavis de feutres de couleur. Le résultat donne à penser à de la peinture sur soie.


mercredi 25 janvier 2017

Marelle

Jeu en forme d'avion qui permet d'aller de la Terre jusqu'au Ciel en sautant sur un pied. Traditionnellement réservé aux filles, car c'est bien connu, les garçons ne sautent pas à cloche-pied. De même que les filles n'iraient pas taper dans un ballon, voyons !
Chacun son jeu, et les ânes seront bien gardés.

Anne Sylvestre
Coquelicot
et autres mots que j'aime
Points

mercredi 28 décembre 2016

La nuit n'est jamais complète


La nuit n’est jamais complète
Il y a toujours puisque je le dis 
Puisque je l’affirme 
Au bout du chagrin 
Une fenêtre ouverte 
Une fenêtre éclairée 
Il y a toujours un rêve qui veille 
Désir à combler, faim à satisfaire 
Un cœur généreux 
Une main tendue, une main ouverte 
Des yeux attentifs 
Une vie, la vie à se partager.
Paul Éluard

Et mis en musique par Julos…


J'ai lu qu'il s'agissait d'un poème de deuil, je le trouve plutôt porteur d'espoir. 

vendredi 11 novembre 2016

Et en plus, Leonard Cohen a tiré sa révérence


À partir de treize-quatorze ans j'ai passé des heures à l'écouter attentivement, à copier les paroles de certaines de ses chansons dans des cahiers et à les traduire. Je ne sais plus de quels albums il s'agissait – je m'y perds un peu entre les enregistrements en studio ou en public et les compilations – mais je me souviens que les paroles y figuraient. Le son particulier de sa guitare, les chœurs aériens qui l'accompagnaient, les violons et le timbre de sa voix me rendaient toute chose. Par la suite je me suis attachée à les traduire «à l'oreille». Ce n'était pas compliqué, il articulait si bien (surtout par rapport à un Dylan). Je suppose qu'il a sans le savoir contribué à améliorer mon anglais. Ce matin j'avais vraiment de la peine et mes larmes coulaient toutes seules.


jeudi 1 septembre 2016

France


Malgré les mouvements contestataires de ces derniers mois je peine aussi à reconnaître ce pays depuis un moment. Je pourrais étendre ce sentiment à notre continent, voire au monde, avec la sensation que tout se met implacablement en place pour une «bonne» Troisième…

dimanche 3 juillet 2016

Les erreurs

«Je repense à Xan toutes ces années plus tard, trente ans ou plus, et je me maudis encore de ne pas avoir eu de pellicule dans mon appareil le jour de ma visite à la base RAF Cawston. Pourquoi cela me chagrine-t-il tant ? J'ai plein de photos de Xan enfant, jeune homme, il est figé dans le temps pour toujours. Mais j'ai comme l'impression qu'il aurait été bon de l'avoir photographié près de son avion, de ce Typhoon qui est devenu son cercueil. Erreur stupide. Une de plus.
J'ai repensé à ces erreurs que nous commettons tous, ou plutôt au concept d'erreur. Un élément dont on ne prend conscience qu'avec le recul : grosse erreur ou petite erreur. C'était une erreur de l'épouser. C'était une erreur d'aller à Brighton un jour férié. C'était une erreur d'écrire cette lettre à l'encre rouge. C'était une erreur de sortir sans parapluie. On ne sent pas venir les erreurs, elles se caractérisent par leur imprévisibilité. Alors je me suis posé la question suivante : quel est le contraire d'une erreur ? Et je me suis rendu compte qu'il n'existe pas de mot pour ça, précisément parce qu'une erreur naît toujours de bonnes intentions qui tournent mal. On ne peut pas faire une erreur volontairement. L'erreur arrive, et on n'y peut rien.» p. 297

Les Vies multiples d'Amory Clay
William Boyd
Seuil



mardi 31 mai 2016

Il pleut

Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir
c’est vous aussi qu’il pleut merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes
et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout comme un univers de villes auriculaires
écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique
écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas
Guillaume Apollinaire, Calligrammes



mercredi 25 mai 2016

Les loups ont des têtes de mouton



Depuis qu'Lumumba fut tué
Pour avoir dit sa vérité
Depuis qu'Lahaut est là en haut
Parce qu'il avait parlé tout haut
Depuis qu'on étouffa une fille
Dans un avion pour pas qu'elle crie
Les loups ont des têtes de mouton
Derrière les roses y a des chardons

C'est celui qu'est tout en haut
Qui tient le manche de la faux
Si ce que tu dis cause souci,
Tu seras vite raccourci
Celui qui r'garde jouer aux cartes
S'il pète un mot d'trop on l'écarte
Les ptits r'gardants n'ont rien à dire
Su l'jeu des grands ça c'est bien pire

Chez nous un jeune homme fut visé
Tué comme lièvre en un pré
Pour le diamant Kisangani
A été totalement détruit
Y a des fabriques et des boutiques
Des fusils à deux pas d'ici
La mort fait vivre nos ouvriers
L'emploi est sauf, on laisse couler

C'est celui qu'est tout en haut
Qui tient le manche de la faux
Si ce que tu dis cause souci,
Tu seras vite raccourci
Celui qui r'garde jouer aux cartes
S'il pète un mot d'trop on l'écarte
Les ptits r'gardants n'ont rien à dire
Su l'jeu des grands ça c'est bien pire

Des femmes sont tuées à chaque jour
Par jalousie par leurs amours
Y a des p'tites filles qui sont forcées
Et toutes leur vie en est gâchée
Y en a d'autres à qui on enlève
Le clitoris, leur vie s'achève
À trois ans, on tourne la page
Leur vivance est déjà veuvage
Tout le monde veut être tout en haut
Pour tenir le manche de la faux
Une fois qu'il l'tient il veut faucher
Et l'cauchemar de recommencer
Les ptits r'gardants devenus grands
Veulent jouer au grand jeu des grands
Y en a pas un qu'est épargné
Tout le monde veut être le premier

C'est celui qu'est tout en haut
Qui tient le manche de la faux
Si ce que tu dis cause souci,
Tu seras vite raccourci
Celui qui r'garde jouer aux cartes
S'il pète un mot d'trop on l'écarte
Les ptits r'gardants n'ont rien à dire
Su l'jeu des grands ça c'est bien pire

Nous sommes six milliards tout en bas
Maraboutés au nom de quoi
Au nom du pèse, au nom du fisc
Et du sacro saint bénéfice
Mineurs et majeurs détournés
Par des bonimenteurs roués
Qui veulent que nous marchions au pas
Et dans les souliers de leur choix

C'est celui qui est tout en bas
Qui est bien plus fort qu'il ne croit
Si nous le voulons toi et moi
Le cauchemar s'arrêtera
Six milliards de ptits r'gardants
Peuvent devenir acteurs puissants
Six millards de gens conscients
Ensemble changent le cours du temps.

Julos Beaucarne, Le Jaseur boréal

dimanche 10 avril 2016

Renaissance du jardin

Malgré la mise en sommeil du jardin pour l'hiver les séances de jardinage ont continué, à raison d'une heure hebdomadaire. Elles sont redevenues plus longues et plus fréquentes avec l'approche du printemps, à mesure que les jours allongeaient. Le résultat se voit déjà.


  Des fraisiers prometteurs, dans le bac et en pleine terre.

De la mâche, entourée d'épinards, de salades et de petits pois qui attendent de sortir d'un côté et de patates germées enterrées de l'autre. Il est prévu de récupérer les graines d'une partie des salades semées, de même que celles d'un chou-fleur (il y a je pense une erreur d'étiquetage).



Le cœur de la fleur accueille des aromates, en plus du bac installé l'an dernier. Des plantes médicinales germent dans un bac voisin, tandis que dans un autre on attend que les radis aient suffisamment poussé pour en récupérer aussi les graines.


Des violettes couvrent le sol à plusieurs endroits, arrivées là au gré du vent ou des oiseaux.

En plus des physalis, des framboises et des myrtilles, nous devrions avoir cet été des groseilles, grâce au maraîcher de l'amap qui, gentiment, nous a donné des branches à bouturer, qui ont toutes pris racine. Les myrtilliers si mal en point ont bien redémarré.

La terre est plus meuble, plus légère et donc plus facile à travailler que l'an dernier, d'après notre jardinier-président, qui assure la plupart du gros œuvre. 

La misère sauvage avait bien pris mais a souffert des dernières tempêtes. J'espère qu'elle repartira.

Les coccinelles semblent avoir adopté le territoire…

… de même que des pioupious d'un genre particulier.

En voisins ou pour participer, les gens viennent partager un moment.

Les jardiniers de la Ville nous ont installé un cabanon. Plus petit que celui initialement demandé, nous sommes cependant contents d'avoir un endroit où entreposer notre matériel.

Presque entièrement conçu avec des matériaux de récupération, seules sa porte et les poutres de l'auvent sont neuves. 

Un bac de récupération des eaux de pluie a été installé à l'arrière, qui sera bientôt raccordé à la gouttière. Nous en aurions voulu un en béton, qui alcalinise l'eau. Peut-être l'obtiendrons-nous plus tard.


Un plan des semis a été mis au point d'après un calendrier, à côté duquel les sachets de graines attendent leur heure.


La perspective de nouvelles couronnes…