Affichage des articles dont le libellé est expo. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est expo. Afficher tous les articles

mardi 15 septembre 2015

La Wool War One au Grand Palais

À l'occasion des prochaines journées du Patrimoine, les 19 et 20 septembre, l'armée de la Wool War One défilera au Grand Palais. Ceux qui n'ont pu se rendre à Roubaix mais peuvent venir à Paris découvriront ainsi cette installation, les millions de mailles sorties de nos mille mains, dans ce lieu bâti pour l'Exposition universelle de 1900. Initialement conçu pour abriter spectacles et expositions temporaires (il est connu jusqu'en 1947 sous le nom de « Grand Palais des Beaux-Arts »), l'État le réquisitionne le 2 août 1914 pour accueillir et équiper les troupes de l'infanterie coloniale avant leur départ au front. Vaste casernement dans un premier temps il devient hôpital militaire durant la bataille de la Marne, les hôpitaux des zones de combat ayant été détruits – on dénombrera au fil de la guerre pas moins de deux cent quatre-vingts hôpitaux temporaires dans Paris. Des travaux d'aménagement sont entrepris dès le mois de septembre et il reçoit ses premiers blessés le 1er octobre 1914. Sept cent quatre-vingts lits s'y trouvent alors, il en abritera mille deux cents à la fin de la guerre.


Sept cent quatre-vingts, c'est le nombre de nos soldats en laine : Paul, Louis, Charles, John, Antonio, Boris, Ali, Oman, mais aussi Hans et Franz, tous seront au Grand Palais. Ils sont la mémoire des quatre-vingt mille blessés qui y séjournèrent avant de retourner sur les champs de bataille. Après ces deux jours ils traverseront l'Atlantique et se poseront à Montréal.
Toutes les étapes du projet se trouvent .

dimanche 7 juin 2015

Expositions

Je ne couds plus guère mais je visite des expos : d'abord Hervé Télémaque à Beaubourg, dont je n'ai pas trop compris l'écriture, et une virée dans diverses galeries d'art de ce quartier avec le cours de dessin. Puis «Pierre Bonnard. Peindre l'Arcadie» – magnifique ! –, à Orsay, suivie dans la foulée de «Dolce Vita ? Du Liberty au design italien (1900-1940)». Ensuite le finissage des «Tisseuses de rêve», un tour au Grand Salon d'art abordable pour saluer Gille Monte-Ruici, et un autre à la Pinacothèque pour découvrir «Au temps de Klimt, la Sécession à Vienne»On croit connaître quelques bricoles sur quelques trucs mais chacune de ces visites révèle s'il le fallait à quel point nous ne savons pas grand-chose et permet de combler une (toute) petite partie de ces lacunes. Vivre à Paris est une chance de ce point de vue.


Je n'emprunte pas beaucoup les transports en commun et privilégie le bus au métro mais il me semble que la campagne d'affichage pour «Dolce Vita ?» est plutôt timide. On voyait ces jours-ci dans les couloirs du métro des offres pour des billets d'entrée couplés à l'expo que l'Orangerie consacre à Adolfo Wildt, mais je ne me souviens pas d'affiches en 4x3 et s'il y en a eu la campagne d'affichage n'aura pas duré – alors qu'elle court jusqu'en septembre –, ce qui est bien dommage, tant elle gagne à être visitée. La manifestation est installée au cinquième étage de l'ancienne gare, son accès n'est pas très bien indiqué et hormis son gros catalogue on ne trouvait aucune publication la concernant lorsque je m'y suis rendue, fin avril, comme si elle n'avait pas été fin prête pour son ouverture (on attendait encore la brochure lorsque je l'ai demandée en entrant). Du mobilier est présenté, dont certains éléments, peints de couleurs vives à l'origine, sont noircis par le temps, comme s'il n'avait pas été possible d'y remédier.
Si maintenant on trouve des articles assez étayés à son sujet les premiers étaient plutôt des brèves alors qu'elle mérite un meilleur traitement. Mon moteur de recherche ne m'a en outre pas permis de trouver de vidéo de présentation en dehors de celle de la conférence inaugurale, et les visuels ne sont pas très nombreux. Je ne sais pas si tout cela reflète des difficultés ni lesquelles et peu importe, il ne faut pas manquer cette occasion de découvrir de belles choses (tableaux, céramiques, mobilier…) et le contexte particulier dans lequel elles ont été conçues – le foisonnement artistique durant une période qui couvre une guerre des plus meurtrières et la montée des fascismes, d'où le point d'interrogation qui suit le Dolce Vita. Le Stile Liberty, qui tire son nom du magasin londonien, est la période Art nouveau italienne. Dans cette nation unifiée depuis peu les artisans et artistes du début du  xxe siècle allient leurs savoir-faire et traduisent le désir de progrès de la société, posant les bases du design moderne. 
La Pinacothèque propose souvent des expos attirantes mais je n'y étais jamais allée, rebutée par le prix d'entrée, même s'il inclut la location d'un audio-guide. Je suis passée outre cette fois-ci et ne saurais trop conseiller à ceux qui le peuvent de s'y rendre avant le 21 juin. La plupart de ces œuvres ne reviendront pas ici avant longtemps. Spectacles Sélection* donne un bel aperçu de ce qu'on y trouve, de même que Les Soirées de ParisLa Sécession autrichienne** est la déclinaison de l'Art nouveau, dans un style moins fleuri, plus géométrique qu'ailleurs en Europe, annonçant l'Art déco. Cette visite a été comme une suite logique de la précédente. 
De Klimt lui-même on ne voit pas le célèbre Baiser, resté à Vienne, mais outre une série de portraits (il fut un grand portraitiste) on peut s'attarder devant Judith et Holopherne et Salomé, admirer une reconstitution à l'échelle de la frise qu'il conçut en hommage à Beethoven ou les héliogravures de Philosophie et Médecine, deux des quatre volets initialement destinés à orner les voûtes du plafond de l'Aula magna, la grande salle de l'université de Vienne. Elles causèrent scandale et ne furent jamais installées, quand bien même Philosophie (le premier des trois tableaux conçus par Klimt, le quatrième étant l'œuvre de son compère Franz von Matsch) décrocha une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 à Paris.

 Gustav Klimt, Philosophie (deuxième version), héliogravure,  Höhere Graphische Bundes-Lehr- und Versuchsanstalt, Vienne.
Gustav Klimt, Médecine (deuxième version), héliogravure,  Höhere Graphische Bundes-Lehr- und Versuchsanstalt, Vienne. Elle fut taxée de pornographie.

Confisquées par les nazis, les œuvres originales ont été détruites lors de l'incendie qu'ils déclenchèrent avant de quitter le château d'Immendorf, en mai 1945, et il  n'en reste plus que quelques clichés.

Gustav Klimt, Portrait de femme, huile sur toile, palais du Belvédère, Vienne, 
prêt permanent d'une collection privée.

L'écran ne rend pas justice à ce portrait de Marie Breunig. Face au tableau on aurait envie de détacher le bracelet qu'elle porte au poignet droit pour mieux l'admirer et de froisser l'étoffe de sa robe au creux de ses mains. Elle semble prête à s'animer devant nous.

Le gros plan (clic sur l'image) permet de se rendre compte de la finesse du trait de Klimt et de la délicatesse de son modèle.

Gustav Klimt (g.), Franz von Matsch (d.), Jeune Fille au col en dentelle
huiles sur toile, collection privée.

J'aime bien grapiller des bribes de visites guidées. J'ai cette fois-ci entendu une guide expliquer que ces portraits avaient été réalisés dans le même atelier au même moment. La différence de traitement relève non seulement du style propre à chacun des artistes mais aussi du fait qu'ils étaient installés à un endroit différent dans la pièce.

Emilie Mediz-PelikanPaysage Odysséen, huile sur toile, collection privée. 

Un paysage venu d'ailleurs ou futuriste, à l'extraordinaire luminosité – accentuée par l'essence de son cadre et la couleur du mur auquel il est accroché –, d'autant plus impressionnant que la toile est grande (140,5 x 206 cm).

Gustav Jahn, Hiver, huile sur toile, palais du Belvédère, Vienne.

Un paysage de carte de vœux, bien plus lumineux que cette reproduction, où pour un peu on s'étonnerait de ne pas voir la neige scintiller. Gustav Jahn fut presque plus alpiniste que peintre.



Elena Luksch-Makowsky, Adolescentia, huile sur toile, palais du Belvédère, Vienne. 

La Sécession viennoise rejetait la peinture d'histoire traditionnelle et ses peintres, marqués en outre par les débuts de la psychanalyse, recourent régulièrement à l'idée de l'adolescence comme symbole du renouvellement de l'art à travers l'esprit de jeunesse. La représentation de cette gracieuse jeune fille tout en jambes est bien plus lumineuse que ne le laisse croire le visuel mais je n'en ai pas trouvé de meilleure version. Je n'ai pas non plus trouvé d'information en français sur Elena Luksch-Makowsky, à l'exception de cette laconique fiche de la BnF…


L'exposition s'achève avec l'arrivée de l'expressionnisme (Schiele, Kokoschka…), auquel j'avoue être moins sensible. Je n'ai abordé ici que les peintures mais on voit sur place du mobilier, des sculptures, des céramiques, des bijoux, puisque le mouvement englobait tous les arts décoratifs, et une maquette du palais de la Sécession.



Pierre Bonnard. Peindre l'Arcadie
Jusqu'au 19 juillet 2015
Dolce Vita ? Du Liberty au design italien (1900-1940)
Jusqu'au 13 septembre 2015
Musée d'Orsay
1, rue de la Légion-d'Honneur
75007 Paris
Métro Solférino
RER Musée-d'Orsay
Au temps de Klimt, la Sécession à Vienne
Jusqu'au 21 juin 2015
Pincothèque 2
8, rue Vignon
75009 Paris
Métro Madeleine


* Le tableau Francesca da Rimini et Paolo, qui fait penser aux peintures préraphaélites, n'est pas l'œuvre de Gustav Klimt mais de son frère Ernst, décédé quelques années avant la Sécession, à 28 ans.
** Comme indiqué plus haut la Sécession s'oppose à l'historicisme, pas à l'impresionnisme.

vendredi 5 juin 2015

Copies non conformes

L'enfant que j'étais dessinait plutôt bien. C'est du moins ce que disait mon entourage (mais l'entourage est-il bien objectif dans ce genre de situation ?). À vrai dire je garde surtout le mauvais souvenir de certains cours, vers la fin du primaire et au collège, où mes tentatives de mélanges de couleurs aboutissaient assez invariablement à des camaïeux caca d'oie, me laissant désemparée. Quant à manier le pinceau…
Bien plus tard, j'avais répondu à une petite annonce, publiée dans Libé, proposant des cours de peinture. Passée par un ancien décorateur au TNP de Jean Vilar, ce monsieur déjà âgé à l'époque m'avait dit, plutôt désolé, que comme j'étais gauchère il ne pourrait m'enseigner ce savoir-faire (je ne suis plus trop sûre mais je crois que ç'avait à voir avec la façon de positionner sa main et de tenir son pinceau). Nous nous étions revus quelques fois avant de nous perdre de vue – ma faute, ma très grande faute, j'avais égaré ses coordonnées, changé de boulot, déménagé… Il faut croire que j'ai de la suite dans les idées.

Judith et Holopherne, détail, Gustav Klimt, huile sur toile, placage or,
palais du Belvédère, Vienne, à la Pinacothèque jusqu'au 21 juin.
Klimt a employé des feuilles d'or pour le fond de ce tableau,
je me suis contentée d'acrylique (étonnant, non ?) et d'encre de Chine…

Voyant mes lits défaits le prof a prononcé le nom de Bonnard. Il l'a répété devant mes variations, m'encourageant chaque fois à me lancer. C'était un peu effrayant, un peu vertigineux, tant je ne pensais pas avoir les bonnes couleurs ni même parvenir à les obtenir, mais j'ai fini par me jeter à l'eau.

Nu dans un intérieur, détail, Pierre Bonnard, huile sur toile, 
National Gallery of Art of Washington, à Orsay jusqu'au 19 juillet.
Gouache. Ceci – pas plus que mes autres essais – n'est pas de l'art. 
Mais je m'amuse bien !

Les teintes des reproductions, sur papier comme en ligne, varient selon les tirages ou les résolutions. Celle qui m'a servi de support pour ce Nu comportait des nuances violacées, qui apparaissent en bleu dans le modèle au-dessus. 

La Fenêtre ouverte, Pierre Bonnard, huile sur toile,
collection Phillips, Washington, également à Orsay en ce moment.
Gouache. Là aussi les nuances varient selon les reproductions que l'on trouve.

Si Marthe, femme et muse de Pierre Bonnard, est très présente dans ses peintures on ne distingue jamais clairement son visage. L'exposition qui se déroule actuellement à Orsay montre des photos prises par le peintre où elle est également très présente mais où on ne voit pas plus ses traits…

L'Heldenplatz avec des lilas, Carl Moll, huile sur toile, palais du Belvédère, Vienne, également à la Pinacothèque jusque fin juin.

Coup de cœur devant les tableaux du monsieur, déception en découvrant un sympathisant nazi. On est certes en Autriche mais il aurait pu être de ceux qui ont fui le pays ou même résisté. C'est sur cette même Heldenplatz (place des Héros) qu'un peu plus de trente ans après que Moll ait achevé ce tableau Hitler proclamera l'Anschluss devant une foule enthousiaste.

Gouache. Le lilas m'inspirerait-il ? 

Jusqu'ici j'ai surtout peint le soir, à la lueur tamisée de la lampe du séjour. Je ne vois le résultat de mes peinturlures que le lendemain, et mes maladresses me sont encore plus flagrantes une fois mises en ligne. Un peu comme avec les textes qui me sont confiés : leur lecture n'est pas la même selon qu'elle s'effectue à l'écran ou sur papier, d'où l'utilité de le faire sur les deux supports.

mercredi 8 avril 2015

Devoirs de vacances (de février)

Il fallait cette fois-ci dessiner un lit défait. Le premier dessin ne me satisfaisant pas j'ai recommencé, à plusieurs reprises, tentant de trouver le tour de main pour reproduire les étoffes, les drapés. Je reprendrai peut-être l'exercice à l'occasion, en utilisant des couleurs pour varier  les plaisirs.

Pas moyen de tout faire tenir dans mes pages…

Notre tête de lit est un cosy-corner (sans «corner») ramassé dans la rue il y a un petit paquet d'années. Le bois est satiné, et les portes des placards ne sont pas enjolivées comme il était de coutume de le faire dans les années 1930. Peut-être date-t-il des années 1940…
***
J'ai également profité de ces vacances pour faire un tour à Orsay et visiter «Sept Ans de réflexion», l'exposition consacrée aux récentes acquisitions du musée, avant qu'elle ne prenne fin. J'y ai reproduit plus ou moins habilement quelques-unes des œuvres admirées.


Edgar Degas, Danseuse en maillot, pastel sur papier vélin fin, vers 1896. 
Ce dessin avait avait fait jaser à l'époque parce que le justaucorps de la dame était à peine perceptible.
 Il faut que je reprenne mon croquis pour retravailler les contrastes.

Édouard Vuillard, Deux Femmes dans un bois, pastel sur papier, vers 1890.

Paul Ranson pour le dessin (1895), tapisserie brodée à l'aiguille à laine sur toile à cannevas par son épouse, France. 

Karl Blossfeldt, Astrantia Major, épreuve sur papier au gélatino-bromure d'argent à partir d'un négatif réalisé sur verre entre 1890 et 1895. 

Étonnament, pas de vidéo de présentation de l'expo, uniquement une captation de la conférence de présentation, mais La Tribune de l'art en présente de nombreux visuels sur une même page…


7 ans de réflexion. Dernières acquisitions par musee-orsay

Je n'avais pas mis les pieds dans ce musée, pourtant l'un de mes préférés, depuis bien trop longtemps. En plus de m'exercer, j'en ai profité pour voir la galerie des Impressionnistes rénovée et m'attarder devant Le Déjeuner sur l'herbe ou encore L'Asperge de Manet, avant de parcourir le rez-de-chaussée.

Alors qu'on distingue bien toutes les couleurs à l'écran les traits sont en réalité quasiment ton sur ton, c'est fascinant.

Je m'étais concocté un programme de visites pour la deuxième semaine de ces vacances – même si rien ne dit que je l'aurais entièrement suivi – mais la douce, qui devait descendre à la campagne avec son père, a été malade la nuit précédant leur départ. Nous avons donc passé quelques jours entre filles, en ne mettant presque pas le nez dehors. Une des expos qui me tentait a pris fin durant cette période, ce n'est que partie remise pour les autres…

jeudi 29 janvier 2015

Paul Durand-Ruel, le pari de l'impressionnisme au palais du Luxembourg

Il reste encore quelques jours pour visiter la belle exposition consacrée à Paul Durand-Ruel et aux peintres qu'il a fait connaître, avant qu'elle ne poursuive sa route à Londres puis à Philadelphie.


Les visiteurs peuvent y admirer une centaine d'œuvres de Manet, Monet, Renoir comme annoncé par le sous-titre, mais aussi de Sisley, Pissarro, Cézanne, Cassatt, Morisot, Degas, Caillebotte, Delacroix et Corot (il a défendu les peintres de ce qu'il appelait «la Belle École de 1830», connus par l'entremise de Delacroix qu'il admirait grandement, avant les impressionnistes), réparties dans une demi-douzaine de pièces.



Cette manifestation est la première jamais consacrée à ce marchand d'art, également collectionneur, depuis la fermeture de sa galerie. On dit de lui qu'il a inventé le marché de l'art au sens contemporain du terme avec de nouveaux moyens de promotion. Les trois quarts des œuvres exposées viennent d'autres pays, principalement des États-Unis et de Grande-Bretagne, témoins de ses méthodes de promotion et de diffusion. C'est grâce à lui que tant de ces peintures ornent de nos jours les murs des musées étrangers. Il y a parmi ceux que l'on trouve des tableaux achetés une première fois, vendus – à regret – puis rachetés.
Durand-Ruel noua des liens très forts avec les artistes qu'il fit connaître en Europe et en Amérique du Nord non seulement en vendant et exposant leurs œuvres – chez lui et dans sa galerie pairisienne puis, au gré de sa fortune, à Bruxelles, Londres et New York – mais en les achetant par dizaines (il acquiert à la longue quelque douze mille tableaux), leur procurant un revenu quand en France ces peintres étaient moqués et décriés, s'assurant ainsi le monopole de leurs tableaux.
Ce monarchiste convaincu, fervent catholique et antidryfusard, prit sous son aile Courbet le communard, Monet l'athée républicain ou encore Pissarro l'anarchiste d'origine marrane, pour ne citer qu'eux. Tant qu'il le peut (il frôle plusieurs fois la faillite) et en contrepartie d'un droit de premier regard sur leurs œuvres, il leur verse une allocation mensuelle et va jusqu'à régler certaines de leurs dépenses courantes (loyers, frais médicaux…). Pour faire (re)connaître les artistes dont il propose les œuvres il ouvre gacieusement sa galerie parisienne et les portes de son salon le mardi, jour de fermeture des musées, pour permettre au public de les admirer. Il crée également la Revue internationale des arts et de la curiosité afin de valoriser le travail des peintres. Il organise le premier de grandes expositions monographiques, jusque-là réservées aux artistes disparus et alors que les peintres eux-mêmes exposent habituellement en groupe, avec des événements autour de Monet, Renoir, Boudin, Pissaro et Sisley, permettant ainsi, par exemple, aux potentiels clients de découvrir les «séries» de Monet.
Au XIXe siècle les marchands d'art louent le plus souvent leurs tableaux aux riches bourgeois qui ainsi peuvent prétendre les collectionner, ou à des jeunes filles de bonne famille pour qu'elles puissent les copier. Si quelques hommes d'affaires se sont rendu compte qu'investir dans l'art pouvait rapporter autant qu'acheter des actions minières ou de chemin de fer, les uns commes les autres sortent rarement des sentiers battus et collectionneurs comme spéculateurs ne s'ouvrent pas aux courants novateurs. Durand-Ruel change cela en faisant appel à eux.



Certains tableaux habituellement exposés aux États-Unis ou à Londres ne reviennent en France que toutes les deux ou trois décennies. Ainsi sont par exemple réunis Danse à la ville, Danse à la campagne (musée d'Orsay) et Danse à Bougival (Museum of fine arts, Boston) de Renoir, des portraits des enfants Durand-Ruel du même Renoir, une série de peupliers exécutée par Monet ou encore un joli tryptique de paysages signés Sisley, Pissarro et Monet. Autres témoins des liens qui unissaient le marchand d'art à ces peintres, les portes de son appartement décorées par Monet, que l'on peut apercevoir avec les Danses et d'autres tableaux chez Une dilettante.

L'un de mes préférés : le jardin de la première maison de Monet à Argenteuil. 
Jardin de l'artiste, Claude Monet, 1873, National gallery of art, Washington.

Un MOOC a été créé pour accompagner l'expo, qui s'est déroulé du 20 octobre au 14 décembre derniers mais dont les cours restent consultables jusqu'au 8 février. De nombreuses vidéos l'illustrent, que l'on trouve également en ligne, et on trouvera une biographie détaillée du personnage sur le site qui lui est consacré…

19, rue de Vaugirard 
75006 Paris
Métro Saint-Sulpice ou Mabillon
RER Luxembourg 
Jusqu'au 8 février 2015

samedi 24 janvier 2015

L'apparition de la couleur

Petit à petit j'ai osé un peu de couleur.

Mise en avant de la présence du végétal.

La deuxième partie du premier trimestre a été consacrée à différentes approches du Déjeuner sur l'herbe. Celui de Manet, bien sûr, mais aussi ses variations par Picasso ou même Matisse.


Le trimestre s'est terminé par la visite de cinq expos, trois temporaires, dont celle consacrée à Marcel Duchamp à Beaubourg, que j'ai beaucoup aimée, et deux permanentes.



Duchamp a donné le ton à ce nouveau demi-trimestre. L'exercice est ardu, je suis repartie mécontente et frustrée du premier cours de l'année, un peu moins fâchée du deuxième, même si le résultat est encore loin de me satisfaire.

Étienne-Jules Marey, études de la marche par la chronophotographie, vers 1882.
Giacomo Balla, Bambina che corre sul Balcone, huile sur toile, 1912.
Marcel Duchamp, Nu descendant un escalier, 1912.


Marcel Duchamp par MELMOTH

Marcel Duchamp descendant un escalier, Eliot Elisofon, 1952.
Honoré Daumier, avocats.
Honoré Daumier, danseuses.
Toujours Daumier, lutteurs.

Partant de la photo d'Eliot Elisofon, nous devons arriver à «mécaniser» nos traits, en quelque sorte, comme dans le Nu descendant l'escalier du même Duchamp. Il nous faut donner à voir le mouvement de l'être plutôt que l'être en mouvement, à la façon des croquis d'Honoré Daumier.


Petite, menue, la peau diaphane et le corps tout en douceur, Annie donne chair avec la grâce et la souplesse d'une ballerine aux indications du prof. Les pauses de cet exercice ont d'abord duré trente secondes, avant de se muer en un mouvement lent et continu, au son d'Ibrahim Maalouf et de ses compagnons musiciens.