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mardi 4 juillet 2017

Trajet

Je laisse la porte se refermer derrière moi et me dirige à gauche. Le trottoir est étroit, pentu et pas très aisé à pratiquer. Je descends sur la chaussée. Il est tôt et la rue, peu fréquentée, est à sens unique. De jolies maisons la bordent, des glycines courent le long des clôtures, des lilas les accompagnent. Leurs fragrances se mêlent et embaument le voisinage.

Pas de lilas ici, juste une glycine enlaçant un arbre de Judée, mais on s'en fiche : c'est bien joli. Photos N.N.

Je marche près d'un quart d'heure jusqu'à l'arrêt commun aux deux lignes de bus que je peux emprunter. Je suis quasi sûre d'y trouver à m'asseoir.
La ville défile derrière les fenêtres, le trajet est rapide, vingt minutes tout au plus, dont une partie traverse un bois, mais le périple n'est pas terminé. Que prendre ? Ce bus relativement lent mais direct ? Cet autre, qui me mènera au tram, ou le métro et ses correspondances ? C'est le temps d'attente qui détermine mon choix, la durée totale du voyage est peu ou prou la même, quel que soit le mode de locomotion : entre une heure et quart et une heure et demie.
De nouvelles rues, de nouvelles façades, et hop, me voilà presque rendue. Je reprends ma marche et descends l'avenue. Le bruit et la circulation m'agressent mais je poursuis mon chemin dans ce quartier que je n'aime guère. La tour se profile au loin, j'approche du but.
Une porte, deux portes, trois portes, j'emprunte l'escalier, il n'y a qu'un étage à gravir, et me voilà à destination. C'est la dernière fois que je suis cet itinéraire.

jeudi 29 juin 2017

Premières fois

La première fois que j'ai quitté le pays où je vivais, j'avais six ans. Nous sommes arrivés en France par paquebot, une autre première fois mais aussi une dernière, et nous étions censés venir en vacances. L'occasion pour moi de rencontrer mes grands-parents maternels dont jusque-là je ne connaissais que la voix, grâce au téléphone, et les lettres et colis qu'ils nous envoyaient.
La première fois que j'ai posé le pied sur le sol français mon grand-père et le frère de ma mère nous attendaient sur le quai. Après un long trajet en voiture nous sommes arrivés à Paris. Ma grand-mère m'a serrée dans ses bras et donné des baisers bruyants.
C'était au mois de décembre et Noël ne se fêtait pas là où j'avais vécu jusque-là, aussi mes grands-parents avaient-ils eu à cœur de bien faire les choses : immense sapin, crèche, et mon grand-père avait même enfilé un costume de père Noël. J'ai oublié quels avaient été les cadeaux.

Le jour du départ.

Je garde peu de souvenirs de ma première rencontre avec mes grands-parents, une rencontre en deux temps. Je ne me souviens pas de la météo de ce jour-là mais je sais où nous nous trouvions : à Marseille. J'ai d'abord vu mon grand-père, qui m'a serrée dans ses bras, puis ce fut au tour de mon oncle de m'accueillir. Je me souviens de l'excitation mêlée d'émotion de ce moment.
Nous avons traversé la France jusqu'à Paris – en voiture –, et je crois avoir dormi la plupart du trajet. Je garde le souvenir d'un voyage interminable. Nous sommes arrivés à Paris à la nuit tombée et je me souviens des embouteillages, du gris environnant et des lumières de la ville.
Ma grand-mère nous attendait, elle s'était mise sur son trente et un et piaffait d'impatience. L'appartement avait été briqué, et je me souviens de la cuisine, immense à mes yeux d'enfant. Elle m'a prise dans ses bras et donné ces baisers bruyants. C'étaient les premiers, la première fois que nous nous touchions et la première fois que j'étais embrassée de la sorte. Leur bruit a fortement retenti à mes oreilles et je me souviens n'avoir pas tellement aimé ça.

vendredi 6 janvier 2017

Dans toutes les maisons, à tout instant donné

«J'imagine que dans toutes les maisons, à tout instant donné, il y a toujours une demi-douzaine d'appareils ou d'équipements qui ne fonctionnent pas correctement. Une ampoule grillée, une porte branlante, une latte de parquet qui craque, un fer à repasser qui ne chauffe plus. Ainsi, dans le cottage, il y a un robinet d'eau froide dans la salle de bains qui goutte en permanence, un tiroir de la cuisine qui refuse de se fermer complètement et un fauteuil qui a mystérieusement perdu une roulette. Et la Hillman Imp doit avoir une fuite d'huile, si l'on en juge par les taches foncées sur le gravier. Et ma radio perd parfois de la réception pendant dix minutes, pour ne plus offrir que des voix étouffées couvertes par une pétarade de coups de feu, avant de se remettre à bien fonctionner, curieusement.
Telle maison, tel corps. J'ai un bleu sur le tibia, une vieille écharde dans la paume de la main qui a l'air de s'infecter, un ongle incarné au gros orteil et le cartilage de mon genou gauche qui m'envoie une bonne décharge à chaque fois que je me lève d'un siège. On fait avec. On appuie plus sur la jambe droite, on utilise la main gauche, on glisse un livre sous le fauteuil à l'emplacement de la roulette manquante. Je m'étonne toujours de ces compromis avec lesquels nous apprenons à vivre. Nous continuons notre chemin, clopin-clopant, en réparant ici, en improvisant là.» pp. 210-211

Les Vies multiples d'Amory Clay
William Boyd
Seuil

Nous avons terminé l'année en beauté avec une panne de lave-linge et une infiltration dans la salle de bains dont la baignoire a dernièrement été remplacée par une douche (un joint d'étanchéité qui n'a pas rempli sa fonction, les ouvriers ont dû revenir changer une partie du carrelage de la cabine et le mur mitoyen de l'entrée a cloqué). À part ça je trouve régulièrement une petite flaque sous le compteur d'eau chaude, dont je n'arrive pas à trouver l'origine exacte : l'eau ne goutte pas en permanence, et je n'arrive pas à définir depuis quel endroit de la tuyauterie elle coule précisément.



jeudi 15 décembre 2016

Héros ordinaires

Avant-dernier d'une fratrie de cinq ou six mon grand-père avait dû quitter l'école à treize ans pour travailler et ne plus être à la charge de sa famille – étant donné son âge il n'était pas payé en monnaie sonnante mais en denrées. En 1938, âgé de dix-neuf ans, y voyant une chance de s'instruire, il devança l'appel militaire et fut envoyé au Levant, réparti entre la France et l'Empire britannique à l'issue de la Première Guerre mondiale et en application des accords Sykes-Picot. Quand éclata la Deuxième Guerre mondiale, il y avait passé suffisamment de temps pour, chose plutôt exceptionnelle à l'époque, apprendre quelques rudiments d'arabe. Blessé à la jambe gauche, il fut recueilli par des Druzes qui lui sauvèrent la vie avant de le remettre à la Croix-Rouge britannique qui l'envoya à Malte. Alors qu'il avait été question de l'amputer, cette convalescence en bord de mer lui permit de se remettre. À peine rétabli, se déplaçant encore à l'aide de béquilles, il regagna la France. J'ai cherché des repères chronologiques mais cette région du Proche-Orient était déjà agitée depuis un moment et je n'ai pas réussi à trouver les dates et événements précis.

Avant-guerre, à 17 ans.

Peu après son retour, le lendemain de son anniversaire, il épousa ma grand-mère qui l'avait attendu (ils se connaissaient depuis la communale), et les deux ne tardèrent pas à s'engager dans la Résistance. Mon grand-père était pudique et peu loquace mais ma grand-mère m'a plusieurs fois parlé de cette nuit où alors que des armes étaient étalées sur leur lit on est venu frapper à leur porte, la police ou les Allemands, je ne sais plus, comment mon grand-père et elle avaient caché le tout à une vitesse record dans le four à pain et le bûcher et comment miraculeusement rien n'avait été trouvé. Je me souviens qu'elle m'avait dit qu'il restait peut-être encore des grenades dans ce bûcher, ils n'avaient pas tout retrouvé par la suite. Il se peut aussi qu'elle m'ait dit que ma mère, âgée de quelques mois, se trouvait sur leur lit – ce qui situe les faits à début 1943.


Avec ma mamie et un neveu, jeunes mariés, en 1941.
Mon grand-père était né en août 1918, ma grand-mère en décembre 1921. Elle aurait eu 95 ans cette semaine.
La dame qui porte l'enfant est la maman de ma mamie, celle-là même qui avait travaillé chez les sœurs Tatin.

Elle m'avait également raconté qu'elle circulait à vélo et que les soldats allemands qui l'avaient repérée l'avaient surnommée «Mamzelle mille boutons» en raison des... nombreux boutons qui fermaient sa robe. Ils ne savaient pas que le guidon de son vélo recelait des messages.
À la suite d'une mission qui avait mal tourné un avion britannique avait été abattu. Maman et moi avons toujours entendu parler de plusieurs aviateurs mais un seul repose au cimetière du village, et mes recherches ne m'ont pas permis de découvrir si les éventuels autres corps avaient été rapatriés. Je ne sais donc pas combien de personnes se trouvaient à son bord, mais maman m'a raconté qu'enfant elle avait maintes fois entendu que les nazis s'étaient acharnés avec une telle sauvagerie sur le(s) corps calciné(s) que même les personnes les mieux disposées à leur égard en avaient été choquées. Mon grand-père et son réseau avaient recueilli ces corps et leur avaient donné une sépulture. Plus tard, en revanche, ils recueillirent un autre aviateur grièvement blessé. La Libération était déjà en cours. Un médecin était des leurs. Avec un frère de mon grand-père, celui qui dans mon enfance l'avait aidé à agrandir la maison, ils maquillèrent une voiture en ambulance pour conduire le blessé jusque Chartres, déjà libérée, où il fut tiré d'affaire.


Après le décès de mon grand-père j'avais composé un album avec ces photos de leur jeunesse. J'avais demandé à ma grand-mère de le légender puisqu'elle était la mémoire de cette époque et pour qu'on sache qui était qui, mais elle ne l'a pas fait. Je crois cependant me souvenir qu'elle m'avait dit que les gens sur cette photo et la suivante étaient des camarades de réseau.


Les Solognots ne sont pas grands, en témoignent la hauteur des fenêtres et plafonds, et la taille des embrasures de portes des maisons anciennes. Mon grand-père, avec son mètre quatre-vingts ou presque, faisait figure de géant.

Mes grands-parents vivaient près de la ligne de démarcation. Ils ont caché, hébergé des familles avant de leur faire passer la ligne sans jamais rien demander en contrepartie. 
Mon grand-père a fait évader des gens des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Il a également pris soin d'une famille de trois personnes, leur portant du ravito. Les parents se cachaient dans un appartement à Paris. Ils travaillaient dans la confection et se sentaient comme protégés puisque, malgré tout, ils travaillaient pour les Allemands. Ils étaient persuadés qu'ils traverseraient la guerre ainsi et n'ont jamais voulu écouter les conseils de fuite qu'on leur donnait. Ils ont fini par se faire prendre et déporter. Mon grand-père avait aidé leur fils à s'évader de Beaune-la-Rolande par deux fois. Après avoir appris que ses parents avaient été arrêtés le jeune homme est allé les retrouver. Aucun des trois n'est revenu, il en a toujours éprouvé du chagrin par la suite. D'autres en ont heureusement réchappé, et certains de ces rescapés leur ont écrit des années durant. Maman m’a raconté que plus  tard, conséquence d’une  dénonciation, mon grand-père avait dû se cacher. Deux de ses frères ont par ailleurs été déportés.
Ma grand-mère m'avait raconté le malin plaisir éprouvé à changer l'orientation des panneaux indicateurs quand les Allemands ont commencé à battre en retraite. Et celui aussi ressenti à barrer la route qui menait de leur village à la nationale d'un arbre abattu dans lequel avaient été cachés des nids de frelons ou de guêpes.


En 1945, avec maman au milieu. Mon grand-père, dont la légende familiale disait qu'il était un peu Raboliot, avait réussi à mettre de côté des peaux de lapin pour lui en faire confectionner un manteau. Il s'était débrouillé, à l'aide de trocs, pour qu'elles soient toutes blanches. La guerre avait pris fin, mais pas les privations ni les pénuries – le rationnement a perduré jusqu'au 1er décembre 1949 –, aussi un tel vêtement était-il un luxe.

Avec maman.

À la Libération, écœurés par les bas règlements de comptes et l'attitude de certains, ils s'étaient mis en retrait et n'ont jamais rien revendiqué.
Ce ne sont que quelques fragments de souvenirs, que je regrette de ne pas avoir couchés sur papier à l'époque où je les ai entendus, comme je regrette de ne pas avoir plus ou mieux questionné ma grand-mère à propos de cette période. 

Avec ma sœur.
Mère et fille. Les trois photos ci-dessus datent de la fin des années 1970, début des années 1980.
Été 1993, à l'arrière du jardin. La partie la plus fleurie se trouvait de l'autre côté de la maison.

mardi 22 novembre 2016

Du mieux

Au fond de notre salle de cours, à l'atelier Beaux-Arts, se trouve un escalier aux marches pas très hautes qui mène à un espace où sont entreposés certains accessoires, les réserves de papier, les tréteaux, les chevalets, la cabine où se changent les modèles.


Les horaires de cette année sont différents des précédentes, avec un cours le mercredi matin à la place de celui du lundi après-midi. À l'issue de cette séance une partie des tables est démontée en vue de la suivante.

Il y a encore peu je désespérais que ma jambe retrouve une tonicité qui me permette de monter et descendre normalement des marches mais j'ai réussi à prendre celles-là sans m'aider de la rampe ou de ma canne la semaine dernière. C'est encore raide et un peu douloureux mais j'ai bon espoir que ça s'améliore.
Sauf fatigue extrême je me déplace à peu près sans mal à la maison – le sol est bien plat et je connais le territoire. Me lever et m'asseoir reste difficile, et la douleur est toujours plus ou moins là, qui monte de la jambe jusqu'à l'épaule pour redescendre jusqu'au coude. Il m'est arrivé de me recoucher parce qu'elle était trop lancinante. La plupart des anti-inflammatoires me sont interdits à cause de l'asthme, le paracétamol seul ne suffit pas et codéiné il rend juste les choses supportables. J'évite de toute façon d'en prendre trop souvent en raison des risques d'accoutumance et des autres effets secondaires.
Je pourrais conjuguer cette douleur au pluriel car ses sources sont multiples : celle de l'épaule et du bras est due à une arthrose cervicale, dont je souffre depuis au moins vingt ans. Elle ne s'était jamais manifestée de la sorte auparavant. La sciatique quant à elle est due à plusieurs pincements discaux. Souvenir de ma percutante rencontre avec une voiture en 1983, je vis avec depuis tout ce temps, même si elle m'aura à peu près laissée tranquille depuis. Je suppose que je ne m'en sors pas si mal. Conséquence d'une probable fracture du péroné passée inaperçue à l'époque mon genou droit se déboîte depuis. Comme je tends à compenser la plus folle de mes pattes sur celle-là l'arthrose s'est là aussi mise de la partie.
J'évite de m'aider de la canne pour les sorties de proximité, même si les côtes de mon quartier et le sol plus ou moins accidenté ne me permettent pas d'aller vite. Je la plie et la garde dans un cabas en cas de besoin, mais elle reste indispensable pour les déplacements plus conséquents et pour prendre les transports en commun – dont les vibrations sont éprouvantes à la longue et où la plupart des sièges me sont trop bas –, et les escaliers normaux.
Ces dernières semaines je ne me sentais plus progresser et m'en étais ouverte au kiné qui me prodigue des séances de shiatsu depuis janvier. Il était bien embêté mais pensait que les choses évoluaient par paliers, et qu'il fallait attendre la mi-novembre et la véritable installation de l'hiver (selon les critères de médecine chinoise) pour passer une nouvelle étape. La suite a prouvé qu'il avait raison.
Parallèlement j'avais depuis un moment les intestins irrités et le foie enflé au point d'avoir la sensation de pouvoir le palper, c'était devenu intenable. J'attribuais cet inconfort au paracétamol et j'avais beau me détoxifier régulièrement cet aspect restait inchangé. J'ai entrepris une cure de soupe, agrémentée d'un fruit de temps à autre, et de thé vert : l'inflammation s'est apaisée, en même temps que les autres douleurs.
Au bout de quelques jours j'ai mangé du pain et le résultat ne s'est pas fait attendre. Je crois qu'il me faut faire une croix sur le froment. L'épeautre en revanche ne semble pas poser problème.
J'ai toujours été incapable jusqu'ici d'évaluer ma douleur sur une échelle de 1 à 10 quand on me posait la question. Elle est devenue une compagne fidèle au fil des ans, et je ne sais plus la différence. Cela explique que je me sois traînée plusieurs mois, jusqu'à ne plus pouvoir arquer, avant d'aller trouver le médecin : j'avais commencé par me dire que ce n'était rien et que ça passerait, puis que si je m'arrêtais je la laissais gagner avant de devoir me rendre à l'évidence. Je crois maintenant pouvoir dire que je suis passée de 8 à 2 ou 3.

Jusque trois rangs de tables s'alignent devant les armoires du fond. En hauteur, à main droite, la sculpture qui a servi lors de mes premières séances de cette année. Cette salle était initialement prévue pour des expositions.


vendredi 11 novembre 2016

Et en plus, Leonard Cohen a tiré sa révérence


À partir de treize-quatorze ans j'ai passé des heures à l'écouter attentivement, à copier les paroles de certaines de ses chansons dans des cahiers et à les traduire. Je ne sais plus de quels albums il s'agissait – je m'y perds un peu entre les enregistrements en studio ou en public et les compilations – mais je me souviens que les paroles y figuraient. Le son particulier de sa guitare, les chœurs aériens qui l'accompagnaient, les violons et le timbre de sa voix me rendaient toute chose. Par la suite je me suis attachée à les traduire «à l'oreille». Ce n'était pas compliqué, il articulait si bien (surtout par rapport à un Dylan). Je suppose qu'il a sans le savoir contribué à améliorer mon anglais. Ce matin j'avais vraiment de la peine et mes larmes coulaient toutes seules.


samedi 30 juillet 2016

Encore du neuf avec du vieux

J'avais ramassé ce siège sur le trottoir d'une rue voisine il y a quelques années. Une panne de velours bronze en recouvrait le dossier comme l'assise. Déchirée à plusieurs endroits, en haut comme en bas, elle laissait s'échapper la mousse censée le rendre plus confortable. Arrivée à la maison j'avais commencé  par le nettoyer puis, au bout d'un temps, en avais ôté le tissu. Huit vis bien pointues dépassaient de chaque côté de l'assise, rendant tout séjour inconfortable quel que soit le nombre de coussins installés par-dessus. Quatre autres au bout plat, comme celles qui vont avec les chevilles Molly, faisaient de même aussi bien sur l'assise que sur le dossier. Le bois de ces parties était en outre moins beau et n'avait bien sûr pas été poli. J'ai dans un premier temps songé à teindre ces parties au brou de noix mais quelque chose me retenait, je craignais un résultat médiocre. J'ai ensuite envisagé de tout peindre mais ce fauteuil est pliant et réglable, la peinture se serait rapidement écaillée. J'ai finalement songé à peindre ces deux parties mais j'hésitais quant à la couleur à adopter, je voulais quelque chose qui se marie avec les différents bois des meubles du salon. J'avais aussi peur de ne pas trouver de vis de remplacement qui conviendraient, de ne pas parvenir à le remonter, et j'ai fini par le reléguer dans un coin du séjour – où il a plus ou moins servi de dépotoir.

Je me suis finalement lancée. J'ai d'abord trouvé des vis plus courtes – au bout plat et du bon diamètre – pour remplacer les pointues, mais elles se sont révélées trop courtes et je les ai retrouvées par terre au bout d'une semaine. J'ai alors pris des vis similaires aux précédentes, sous la tête desquelles j'ai placé un écrou pour qu'elles ne dépassent pas. Je n'avais pas de vis plus courtes pour remplacer les longues à bout plat. Je ne pensais pas pouvoir en trouver dans le commerce, et n'avais pas très envie d'y aller pour rien : je les ai raccourcies à l'aide d'une scie à métaux. Le fond de deux flacons de peinture acrylique dorée, de celle que l'on trouve dans les magasins de loisirs créatifs, m'a permis de recouvrir le dessus de l'assise (l'autre face avait fort à propos été peinte en noir !) et les deux côtés du dossier, rendant le siège déjà utilisable. Un coussin en a accru le confort, mais je trouvais qu'il manquait encore quelque chose au dossier. J'ai d'abord envisagé de peindre quelque chose dessus à main levée, avant de me souvenir de ce pochoir au motif de dentelle.

Je n'aurais jamais attendu aussi longtemps si j'avais su que ce serait si simple. Avant même de le décorer j'ai de nouveau adopté ce fauteuil, une sciatique assortie d'une tendinite à la jambe gauche m'interdisant tout siège moelleux ou un peu bas et m'obligeant à cesser la plupart de mes activités…

dimanche 19 juin 2016

Arrondis

La semaine suivante je ne suis pas allée en cours pour cause de Tartin'o mètre, et celles qui ont suivi non plus, en raison d'une sciatique à la jambe gauche assortie d'une tendinite au genou du même côté – à croire que chaque année me réserve son lot de plus ou moins bonnes surprises. Je n'ai repris, clopin-clopan, le chemin de l'atelier qu'une semaine après la rentrée des vacances d'hiver. J'ai donc manqué cinq semaines de cours auxquelles se sont ajoutées deux semaines de congés scolaires, en plus de trois autres en décembre et janvier. Même si je m'étais exercée durant mon absence, retourner à l'atelier était intimidant après un si long temps mais je me suis rapidement remise dans le bain. Impossible en revanche de tendre le bras pour dessiner sur les feuilles au format raisin (50 x 65 cm), les modèles sont depuis croqués sur des blocs A4. Les cours manqués concernaient les points d'appui. Je suppose que je rattraperai ça sans m'en rendre compte, en pratiquant, ou l'an prochain, si l'exercice se représente. J'avais caressé l'espoir de rattraper au moins une partie de ces absences, mais les tabourets de l'atelier ne sont pas les sièges les plus confortables et j'y ai vite renoncé.

En vue de la coupe d'Europe de foot la Ville a demandé aux ateliers Beaux-Arts de travailler autour du ballon rond et, après mon retour, les exercices se sont doucement orientés vers ce thème.

Crayon.

Crayon. Ces deux dessins ont été terminés plus tard. Je n'ai pas noté le temps de pose, de mémoire elles duraient dix minutes.

Carrés Conté et une pointe d'aquarelle.

J'ai commencé par tracer mes traits au crayon, avant de les repasser au feutre noir, retouché au pinceau humide pour tracer les ombres, et d'y ajouter un peu de couleur à l'aquarelle. 

J'ai poursuivi sur ma lancée un peu plus tard, à la maison. Ce deuxième dessin ne me plaisait pas, et j'étais à deux doigts de le passer à la trappe. Une fois réhaussé, je n'en suis pas trop mécontente…

Et puisque j'y étais, celui-là aussi a été repassé au feutre.

Repris par une main plus expérimentée que la mienne…

Crayon. La moue boudeuse, on aurait dit un jouet abandonné.


La pose a pris fin alors que je commençais à dessiner Patrice. J'ai juste eu le temps d'esquisser sa tête…

Crayon.

Crayon.

Crayon. Nadia a pris des poses de trente minutes. C'était agréable de disposer de tant de temps.