«Je repense à Xan toutes ces années plus tard, trente ans ou plus, et je me maudis encore de ne pas avoir eu de pellicule dans mon appareil le jour de ma visite à la base RAF Cawston. Pourquoi cela me chagrine-t-il tant ? J'ai plein de photos de Xan enfant, jeune homme, il est figé dans le temps pour toujours. Mais j'ai comme l'impression qu'il aurait été bon de l'avoir photographié près de son avion, de ce Typhoon qui est devenu son cercueil. Erreur stupide. Une de plus.
J'ai repensé à ces erreurs que nous commettons tous, ou plutôt au concept d'erreur. Un élément dont on ne prend conscience qu'avec le recul : grosse erreur ou petite erreur. C'était une erreur de l'épouser. C'était une erreur d'aller à Brighton un jour férié. C'était une erreur d'écrire cette lettre à l'encre rouge. C'était une erreur de sortir sans parapluie. On ne sent pas venir les erreurs, elles se caractérisent par leur imprévisibilité. Alors je me suis posé la question suivante : quel est le contraire d'une erreur ? Et je me suis rendu compte qu'il n'existe pas de mot pour ça, précisément parce qu'une erreur naît toujours de bonnes intentions qui tournent mal. On ne peut pas faire une erreur volontairement. L'erreur arrive, et on n'y peut rien.» p. 297
Les Vies multiples d'Amory Clay
William Boyd
Seuil
2 commentaires:
Parfois, je me repasse le film de la journée qui m'a amené vers l'erreur.
Je me demande si ce n'est pas écrit !
Bon dimanche, bises.
Parfois les événements semblent s'être parfaitement imbriqués, succédés, pour nous y mener…
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