J'avais oublié l'humour parfois absurde de Bertrand Blier et, dernièrement, j'ai emprunté le DVD de son film Les Acteurs à la médiathèque. De fil en aiguille, mais peut-être est-ce ce qui a réellement guidé mon choix, j'ai bien sûr repensé à celle avec qui nous étions allés le voir au moment de sa sortie. J'ai appris bien plus tard qu'on nous disait alors inséparables, mais la vie emprunte parfois d'étranges méandres, et nous nous sommes perdues quelques mois avant la naissance de la Demoiselle, sans raison véritable. Chagrinée, fâchée de cette situation, je n'ai plus entendu parler d'elle pendant une paire d'années, jusqu'à ce jour où une amie commune m'a appelée : championne du monde du Scrabble francophone, elle se rendait à une compétition à Saumur lorsque la voiture dans laquelle elle se trouvait a été percutée par un sale type, qui conduisait ivre et sans permis. Trois des quatre passagers s'en sont sortis, pas elle, partie sur le coup. Elle avait 31 ans, c'était il y a dix ans.
Nous allions régulièrement au cinéma ensemble, elle pouvait s'enquiller plusieurs films par jour et était spécialiste des «séances pour fauchés», comme elle les appelait. Longtemps, en visionnant tel film ou en allant voir tel autre j'ai pensé à elle. Elle m'avait offert le code typo que j'utilise encore, entre autres livres et disques. Elle aimait la couleur bleue, les bulles de champagne et vouait une adoration sans borne aux veaux («On n'adore que Dieu, aurait-elle dit. Donc, si Dieu existe, Dieu est un veau !»), dont elle avait une impressionnante collection que nous alimentions joyeusement : chaussons, tasses, bols, coussins, cartes, tout ce qui portait tâches noires sur pelage blanc et n'arborait pas de pis…
Je suis brouillée avec les dates, et ce n'est qu'en cherchant une trace d'elle sur la Toile que je me suis rendu compte de cet anniversaire.
4 commentaires:
Un bien triste anniversaire :-(
C'est toujours dur de se dire qu'on n'aura plus jamais le plaisir de savoir ce que devient, même de loin en loin, une personne qu'on aime/aimait...
C'est exactement ça.
J'entends encore sa voix et même après dix ans je crois parfois reconnaître sa silhouette dans la rue…
Carpe diem. C'est un cliché, pour une bonne raison.
Oh... doublement touchée puisque ce n'est pas très loin de chez moi que s'est produit le drame... Douces pensées...
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