À la fin des années 1920, début des années 1930, le tout jeune John Glassco (1909-1981), Québecois anglophone, plaque ses études et décide de venir à Paris. Il passera trois ans en France avant de repartir au Canada, atteint de tuberculose. Mais tout de même, quels extraordinaires débuts dans la vie ! À peine arrivé à Paris, et alors qu'il n'y connaît personne, il rencontre des personnes déjà célèbres à l'époque, devenues pour la plupart mythiques de nos jours : Robert Desnos, André Breton, Ernest Hemingway, Gertrude Stein et Alice Toklas, Francis S. Fitzgerald, James Joyce, Man Ray et Kiki de Montparnasse, Tristan Tzara et j'en oublie…
Je ne suis pas nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue mais, plus d'un an après avoir lu ce livre, je ne peux m'empêcher de me demander si un tel parcours serait encore possible de nos jours.
« ... Je sais aujourd'hui que l'enjeu était plus important : il s'agissait de choisir entre plaisir et accomplissement, entre exigences de la vie et exigences de l'art. On doit choisir très tôt dans l'existence, et plusieurs fois ; dès lors que l'on prend un même parti deux ou trois fois d'affilée, le sort en est jeté de manière quasi irrévocable. Ces décisions, qui semblent des broutilles, sont plus lourdes de conséquences qu'on ne le croit ; l'orientation de la vie n'attend pas une quelconque maturité ou une quelconque sagesse pour se dessiner, elle est régie de façon plutôt cavalière pour l'émotion, l'appétit ou le caprice. C'est Balzac, je crois, qui dit qu'il est vital pour un jeune homme de décider très tôt de son ambition, pour la simple raison qu'il sera ainsi appelé à la réaliser. Mais je l'ignorais, et, en me disant derechef que j'aurais toujours le loisir de reprendre la voie laborieuse de l'art, je choisis le chemin velouté de la jouissance immédiate. L'essentiel était de prendre du bon temps. »
Mémoires de Montparnasse,
chap. XV,
John Glassco,
trad. Daniel Bismuth,
éd. Vivianne Hamy
On peut en lire les premières pages là.
Ici, on trouvera ce qu'a écrit Patricia Godbout à propos de l'auteur et du contexte dans lequel a été écrit cet ouvrage dans le collectif Passeurs d'histoires : figures des relations France-Québec en histoire du livre (ne pas se fier au titre, pas très sexy).