Beaucoup aimé le ton pince-sans-rire de ce livre-ci, d'où pas mal de passages plaisants, parce qu'en plus je n'ai pas su choisir
(tant pis pour vous:-)…
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«J'avais l'impression d'être prisonnière de ma conscience. Mon oreiller était de la taille d'une tablette de chewing-gum, le matelas aussi épais qu'un biscuit apéritif. Je me suis roulée en boule et j'ai pleuré en silence, faisant cette chose que seuls les jeunes peuvent faire, c'est-à-dire m'apitoyer sur mon sort. Passé trente ans, on perd cette capacité ; au lieu de s'apitoyer sur son sort, on devient amer.
» p. 72
«Pourquoi avais-je autant le mal du pays ? Aucune idée. Avec le recul, je me dis que visiter un pays étranger revient simplement à entrer chez quelqu'un pour s'imprégner de l'atmosphère des lieux. En principe, j'aurais dû m'éclater en Italie.
Ai-je vu beaucoup de statues dénudées au cours de cette deuxième journée ? Mon Dieu, oui. Partout, c'était difficile de ne pas les remarquer. Et c'était encore plus difficile d'essayer de ne pas être vu en train de les regarder. Les filles gloussaient lorsqu'elles se retrouvaient face à des organes génitaux en pierre ; les garçons devenaient muets chaque fois qu'ils apercevaient des seins. Quant à moi, je pense qu'il n'y a rien d'érotique dans les statues de femmes, le marbre ne sied guère à notre sexe. Nous ne resplendissons qu'en peinture, alors que, sculptée, la gent masculine parvient à camper la frontière ténue entre art et pornographie. Quoi qu'il en soit, je me suis vite lassée de la nudité ; le mal du pays l'emportait sur tout le reste. Contrairement à la solitude, il existe un remède simple pour le vaincre : rentrer chez soi. Si seulement le problème de la solitude pouvait être réglé aussi facilement. Le simple fait de côtoyer d'autres êtres humains ne m'est d'aucun secours – être seul au milieu d'une foule est la plus pathétique des variantes. D'un autre côté, dans une foule, vous avez au moins une chance, certes mince, de rencontrer ce double cosmique dont la présence apaisera votre esprit esseulé et fiévreux. Enfermé dans votre appartement, vos chances sont réduites à néant.
Je fais ce truc que les gens seuls font, à savoir une hiérarchisation minutieuse de la solitude. Qui est le plus seul… le célibataire esseulé, ou celui qui se sent délaissé dans une relation moribonde ? Est-ce complètement pathétique d'être un célibataire esseulé jaloux de quelqu'un de délaissé dans une relation moribonde ? Encore une fois, rappelez-vous, tout cela n'est que théorique pour moi. Bon d'accord, autre question : est-il possible de se sentir seul dans une relation moribonde quand votre partenaire ne partage absolument pas ce sentiment ? Ou le corollaire : est-il possible d'être amoureux de deux personnes en même temps ?» pp. 84-85
«Si seulement les avancées scientifiques permettaient d'inventer une drogue qui étire notre perception du temps, comme lorsqu'on était enfant. Ça serait génial. Un an semblerait durer un an, et non plus dix minutes. L'âge adulte paraîtrait long et rempli, au lieu de ressembler à un tour de manège incontrôlable. Qui voudrait d'une telle drogue ? Les vieux, j'imagine – les gens pour qui le temps donne l'impression d'avoir appuyé sur l'accélérateur.
Et je pense qu'ils devraient aussi inventer une drogue capable de provoquer l'effet inverse. Ici encore, il n'y aurait pas de sensation immédiate, mais au bout d'un an d'utilisation, on se dirait, Waouh ! Ça fait ça déjà un an ? C'est comme si c'était hier. Qui prendrait cette drogue ? Moi, quand je me sens seule. Et les prisonniers condamnés à perpétuité.
Une troisième idée me vient : que feriez-vous si vous ne deviez choisir qu'une seule de ces drogues ? Et que l'absorption de cette drogue neutraliserait [sic] instantanément et irrémédiablement les effets de l'autre ? Je suppose que la plupart d'entre nous, y compris moi, prendraient celle qui donne l'impression d'allonger la vie. Ce qui signifie qu'une vie solitaire vaut toujours mieux que pas de vie du tout.
J'imagine que l'alcool est le truc qui se rapproche le plus d'une drogue qui accélère le temps. La cocaïne, peut-être ? Je ne saurais dire. C'est peut-être pour cela que je me méfie autant de l'alcool : ça accélère le temps sur le court terme, et sur le long terme ça oblitère la mémoire – ce qui est bien sûr une manière d'abolir le temps.» pp. 92-93
«D'après moi, les grosses entreprises sont comme des fanfares. Tu connais le grand secret des fanfares, n'est-ce pas ?
— Non. C'est quoi ?
— Même si la moitié de l'orchestre joue n'importe quelles notes, ça reste encore plus ou moins harmonieux. Leur structure même dissimule les erreurs. C'est comme le piano : tant que tu n'appuies que sur les touches noires, et que tu ne t'occupes pas des blanches, ça sonnera pas trop mal, mais d'un autre côté ça ne sonnera jamais comme de la vraie musique non plus.» p. 129
«J'imagine qu'il est important à ce stade du récit de souligner une fois de plus que je suis bien en chair, voire grosse. Je pense que chacun de nous a à l'esprit une palette de traits génériques qu'il utilise quand il lit une histoire. Les livres dans lesquels l'accent est trop mis sur la description du personnage principal m'ont toujours laissée perplexe – “Elle avait une chevelure couleur lait et amande, et une démarche claudicante”, ou bien, “Son corps était noueux et raide. Ses cheveux roux formaient un halo.” Vous voyez où je veux en venir. Au bout du compte, ce que j'appelle nos “protagonistes universels” font l'affaire. Peu importe l'histoire, le lieu et l'époque, nos héros intérieurs débarquent aussi insipides et prévisibles que des présentateurs de journaux télé de 18 heures. Je soupçonne la protagoniste universelle de ressembler à une ménagère de moins de cinquante ans vêtue d'une robe de lamé, tandis que son pendant masculin pourrait bien être un entrepreneur de toiture habillé pour une réception. Evidemment, je ne suis ni l'un ni l'autre. Il me semble important de rétablir la vérité ici, au moins d'un point de vue technique.» p. 155
«Les petites adolescentes avec leurs jeans moulants et leurs lèvres étincelantes de gloss me jettent un regard, voient en moi un signal de danger cosmique, et se détournent définitivement. Les hommes, quel que soit leur âge, ne me remarquent pas, point final. Pour eux, je ne suis rien de plus qu'une plante en pot. Les femmes de plus de, disons, trente ans, notent ma présence et me traitent avec gentillesse, mais dès qu'elles croient que je ne fais plus attention, leur visage trahit des pensées cafardeuses – je suis ce qui leur arrivera si elles ne mènent pas bien leur barque. Quant aux serveurs, je les soupçonne de toujours s'attendre à ce que je fasse des histoires, comme demander un autre hamburger parce que la viande est trop cuite ou exprimer mon dissentiment au sujet du vin blanc, trop acide. Pourquoi ? Peut-être pensent-ils que je suis tellement en mal d'interaction sociale qu'une prise de bec vaut mieux que rien.
Je m'imagine parfois dépenser cent mille dollars en chirurgie esthétique […] mais je ne franchirai jamais le pas. Notamment pour la simple raison que le patient doit être raccompagné chez lui par un membre de sa famille ; les taxis ne sont pas autorisés – ni même les limousines. La seule idée d'être fustigée par Mère dans la voiture alors que je suis emmaillotée de bandelettes stériles, telle une momie, met un terme à tout fantasme – c'était déjà assez pénible avec les dents de sagesse. […] … je ne veux tout bonnement rien me faire refaire. Un point c'est tout. pp. 155-157
«Observez les yeux d'une femme célibataire à vingt, trente et quarante ans. Je pense notamment à Jane. À vingt ans, elle meurt d'envie d'être pervertie – elle est même prise de vertige à l'idée de renfermer autant d'énergie qui n'attend que d'être consumée : Utilise-moi ! Largue-moi ! Dévergonde-moi ! Poppers ! Fouets ! Choisis-moi ! Mais à trente ans, ces même yeux adresseront un message différent : OK, je sais ce que c'est de se faire consumer, alors n'essaie même pas, pigé ? Je vois la marque de ton alliance et le *69 m'apprend que tu vis dans une banlieue résidentielle pleine d'arbres, d'écoles primaires et de terrains de football. Manifestement, il subsiste un peu d'énergie – juste un peu pour vous ramener à la civilisation, si jamais les choses devaient affreusement mal tourner.
Mais regardez ces yeux à quarante ans. Il y a un puissant écho des vingt ans :
Utilise-moi ! Largue-moi ! Dévergonde-moi ! Choisis-moi ! Mais en même temps, la réserve d'énergie est presque épuisée, et vous ne voulez plus être larguée et exposée au cuir et aux lavements, et n'importe quel type que vous rencontrez va jeter un œil sur votre CV, remarquer l'absence de longues relations amoureuses ou de mariage, et passer son chemin discrètement. Peut-être que c'est lui qui est esquinté, mais quelle différence ça fait ? Soixante secondes après vous avoir raccompagnée pour la dernière fois, il fredonne la chanson de Supertramp qui passe à la radio. Vous n'êtes même pas un souvenir, vous êtes comme un ralentisseur.
En demandiez-vous beaucoup ? Ne chamboule pas mon petit train-train, et s'il te plaît prends autant de plaisir que moi à regarder les rediffusions de New York District.» pp. 158-159
«Je n'avais jamais serré qui que ce soit dans mes bras auparavant. Les gens ont un poids. Ils dégagent de la chaleur. On peut sentir leur cœur et leurs poumons battre à l'intérieur. Je m'attendais à quoi – une marionnette ?»
pp. 186-187
«En tout cas, avant d'aller au lit, je me suis servi un verre de pinot gris, j'ai regardé ma météorite et l'ai emportée dans ma chambre, où je l'ai installée à côté de mon réveil. Cependant, juste avant de m'endormir, je m'en suis emparée pour la déposer sous mon oreiller, comme une pièce après le passage de la petite souris. Je me suis rappelée combien c'était étrange, enfant, de recevoir une pièce en échange d'une dent. Ce type – j'ai toujours pensé que la petite souris était un être humain de sexe masculin – va dans les chambres pour récupérer des dents mortes ? Pour quoi faire ? Des expériences médicales ? Personne ne dit jamais ce qu'il fait de son butin. J'imagine que quand on perd ses dents, on est encore assez jeune pour faire semblant d'adhérer aux idées débiles de ses parents. Dans ma tête, la petite souris et le type coupé en deux que j'avais découvert près du chemin de fer, lorsque j'avais douze ans, étaient une seule et même personne. Si c'était bien lui, je me disais qu'il devait être soulagé d'être mort. C'est vrai, quoi, c'est un drôle de boulot.»
p. 192
«À vrai dire, Mère tirait peut-être une certaine fierté de mon apparente virginité, mais elle essayait également toujours de me parer de vêtements de styliste hors de prix et de maquillage – tout ce qui pouvait gonfler mon sex-appeal.
Il faut donner envie aux garçons de te regarder de plus près. Si j'avais montré ne serait-ce qu'une once d'intérêt pour une combinaison en cuir de maîtresse SM ou des menottes, j'aurais pu les obtenir – en fait n'importe quoi qui se rapportait au sexe. Et si elle avait dû choisir entre une Liz vierge et une Liz salope, quelque chose me dit qu'elle aurait opté pour la seconde proposition. Heureusement, Leslie était une candidate bien plus enthousiaste à la campagne sexuelle de Mère.»
p. 210
«Je l'avoue, dès que le choc de l'achat de ce billet d'avion s'est estompé, j'ai traversé la ville pour aller dépenser un paquet de fric chez un des visagistes les plus chers de Vancouver. Sans grand résultat. Quand je suis arrivée, j'ai bien vu qu'ils se sont tous précipités dans l'arrière-boutique pour tirer à la courte paille qui devrait s'occuper de moi. Je dois reconnaître qu'ils ont essayé, mais je suis à l'épreuve de la beauté. Mes efforts pour renouveler ma garde-robe avec Jeremy il y a quelques années n'ont jamais donné grand-chose ; ça ne sert à rien, un point c'est tout. Je suis gentille, propre, bien chaussée, bien habillée, mais transparente. Je ne suis même pas digne de figurer dans une foule au cinéma. Le réalisateur hurlerait : “Arrêtez tout ! Virez-moi cette femme de là ! Elle est trop transparente, même pour une scène de foule !»
p. 217
«Je ne souligne pas assez combien Jeremy était inquiet de voir ses visions le quitter. Lorsqu'il descendait de son nuage pour atterrir sur le canapé, entre deux accès de fièvre, nous chantions ensemble des hymnes rock à l'envers – ou nous nous contentions de regarder l'indigent spectacle offert par la télévision en journée.
Avec Jeremy, le temps était un sujet sensible. La vie est limitée ; la sienne était seulement plus limitée que la plupart. Faute d'autre chose, on s'habitue à être vivant.
Je pense parfois qu'avoir des visions est une façon de s'inscrire dans ce futur que l'on soupçonne de ne jamais connaître. Les gens qui entrevoient la fin du monde sont simplement des gens qui ne peuvent imaginer une vie après leur mort. Quitte à partir, autant emporter le monde avec soi.»
pp. 220-221
«J'avais la sensation d'être moi, sans pour autant l'être. J'imagine que c'est pour ça qu'on aime voyager ; c'est pour ça que les intégristes visent les aéroports, que l'on trouve des drapeaux de tous les pays à vendre dans les gares. Les voyages vous dissolvent. Ils vous obligent à vous reconstruire, vous forcent à vous souvenir d'où vous venez.»
p. 246
«“C'est agréable de visiter la ville où le subconscient a été inventé.”
Il m'a regardée d'un air sombre. “Mademoiselle Dunn, le subconscient n'a pas été
inventé. Il a été
découvert.
— Oh, pardon, je n'y avais jamais vraiment réfléchi. J'ai toujours cru qu'on avait notre personnalité de tous les jours et que parallèlement à ça on renfermait ce foutoir qu'on appelle subconscient.
— Qu'est-ce qui vous fait croire que c'est un foutoir.
— Eh bien, si notre subconscient était attrayant, on ne serait pas obligé de l'enfouir au fin fond de nous-même. Ça serait simplement un autre trait du visage, comme le nez.” Je voyais bien que Herr Bayer se disait que je plaisantais peut-être, mais j'étais on ne peut plus sérieuse. “Les gens parlent du subconscient comme si c'était le pôle Sud et qu'il fallût tout un tas de moyens technologiques et une sacrée détermination pour finalement l'atteindre. Comment savoir s'il n'y a pas cinq ou six couches de personnalités cachées ? Ou soixante-deux ?
— Je dirais quatre.
— Lesquelles, selon vous ?
— Mademoiselle Dunn, vous connaissez déjà la réponse : le moi social, le moi intime et le moi secret.
— Ça n'en fait que trois.
— Le quatrième, c'est le moi sombre : celui qui tient la barre ; celui qui a le plan ; celui qui est avide ou confiant ou rempli de haine. Il est tellement confiant qu'il défie les mots.”»
pp. 247-248
«[…] j'ai un problème avec les viandes dont le nom désigne ce qu'elles étaient avant de finir dans une assiette.
— Comme par exemple…
— Comme le foie. Ou les rognons.
— Poursuivez.
— “
Salut… avant qu'on m'ait fait revenir aux petits oignons, j'ai passé ma vie à filtrer les impuretés dans le système sanguin d'une vache.”»
p. 249
«Mon histoire a occupé presque tout le dîner, et j'étais fière de constater qu'elle n'avait absolument rien d'ennuyeux. Je me sentais cosmopolite. Je me suis dit que c'était ce que Leslie devait éprouver au quotidien, et comment les gens beaux devaient traverser l'existence, chacune de leurs paroles semblable à une friandise offerte aux affamés.»
p. 250
«Il m'est venu à l'esprit que, à l'instar de Scarlet dans le 747, et de Jeremy sur le canapé de mon appartement, j'avais trouvé un endroit où je me sentais suffisamment en sécurité pour me désagréger – en face de ce fonctionnaire européen mal rasé qui ressemblait au compagnon de cellule de Václav Havel. Puis, j'ai éclaté en sanglots, sans aucune retenue, ce que je m'étais efforcée d'éviter tout au long de ma vie. Je ne peux rien imaginer de plus répugnant que moi, en pleurs, en train de faire une scène en public, réclamant de l'attention, même si ça n'a été à aucun moment le but de mes larmes.»
p. 254
«Que voit-on quand on ferme les yeux ? Rien et tout. Je me suis souvent demandé quel genre de rêves font les aveugles de naissance. Leurs rêves sont-ils constitués de sons et de températures ? Est-ce que quelqu'un s'est déjà penché sur la question ?»
p. 267
«Pas besoin d'être un génie pour déduire qu'en réalité, je craignais de me retrouver de nouveau seule. J'avais complètement oublié la solitude jusqu'à ce qu'ils emportent le corps de Jeremy. J'avais oublié la chose que je déteste le plus au monde, ce goût âcre dans la gorge lorsque je prends conscience que l'heure du dîner approche et que je n'ai rien de prévu pour la soirée. J'avais également oublié l'effet que ça faisait de me réveiller le samedi matin en me rendant compte qu'il me restait deux jours à tuer avant la reprise du travail – le petit rai de lumière froid entre le rideau et l'encadrement de la fenêtre qui me disait que je n'avais pas de vie. Peu importait la peine que je me donnais pour la surmonter – et même si parfois je semblais être sur la bonne voie –, la solitude restait l'humeur dominante qui teintait et réduisait tout.
Et je vieillissais. Je pense qu'il existe dans la vie de chaque être humain un point où l'on prend conscience que l'on a atteint le maximum de ce que l'on pourra jamais avoir, que ce soit en matière d'amour, d'argent ou de pouvoir. On doit faire la paix avec qui l'on est, et ce que l'on est devenu. J'avais cru qu'en choisissant la paix au lieu de la prévisibilité, j'avais opté pour une simple décision comptable qui me réconcilierait aisément avec mon existence. C'était stupide. Ce qu'il m'a fallu c'est de goûter à la vie de l'autre côté du miroir, avec Jeremy, où j'avais quelqu'un à qui tenir et qui tenait à moi.»
pp. 284-285
«C'est plutôt sympa de ne pas savoir avec certitude ce qui nous arrive avant notre naissance ou après notre mort – ou d'avoir des doutes sur ce qui nous arrivera pendant ce laps de temps fébrile et flou qui survient entre le moment où nous décidons de changer de vie et le moment où notre vie change vraiment.
Klaus vient de tirer sur ma manche pour me montrer des étoiles au-dessus de l'Islande, visibles en plein jour. L'émerveillement ne cessera donc jamais ? Je regarde ces étoile et les décroche du ciel pour les répandre sur vous, comme des diamants, comme des graines.
Vous êtes tout, et tout est en vous.»
pp. 298-299
***
L'histoire de Liz Dunn, seule et solitaire, presque transparente aux yeux de beaucoup, qui du jour au lendemain deviendra centre d'intérêt avant d'amorcer un nouveau départ. J'aime bien le
Diable vauvert, son nom, sa démarche d'éditeur, sa résidence d'auteurs
(un peu moins son attirance pour la tauromachie)… Juste, du moins dans l'édition que j'ai eue entre les mains, on trouve quelques tournures étranges (voir la citation extraite de la page 93) et il manque des mots deci-delà dans les phrases – j'ose espérer que cela a été rectifié lors des impressions ultérieures ou avant la reprise en poche. Cela n'altère heureusement pas l'impression générale que laisse ce livre.
Le mot de 10/18 (que je préfère à celui du Diable)
Jeune femme, trente-six ans,
grosse et terriblement seule, n'attend plus rien de la vie. C'est ainsi
que se voit Liz Dunn. Grosse, Liz l'a toujours été. Seule, plus encore.
Hormis les visites régulières de sa famille qui la traite en cas
désespéré, elle ne fréquente personne. De petit ami, encore moins.
Ajoutez à cela une opération des dents de sagesse et une semaine de
convalescence à regarder des films d'amour, et le portrait est complet.
Mais alors que Liz s'apprête à explorer davantage le gouffre de sa
solitude, un coup de fil vient bouleverser son existence… D'une
lucidité foudroyante et d'un humour féroce, Douglas Coupland tente de
répondre aux questions que soulève la chanson des Beatles : d'où
viennent les gens seuls ? Où est leur place dans le monde ?
Eleanor Rigby
Douglas Coupland
Traduit de l'anglais canadien par
Christophe Grosdidier
Au diable vauvert
ou 10/18