dimanche 30 juillet 2017

Modèle nu

«“Très épatant, tout de même, le nu… Ça fiche une note sur le fond… Et ça vibre, et ça prend une sacrée vie, comme si l’on voyait couler le sang dans les muscles… Ah ! un muscle bien dessiné, un membre peint solidement, en pleine clarté, il n’y a rien de plus beau, rien de meilleur, c’est le bon Dieu !… Moi, je n’ai pas d’autre religion, je me collerais à genoux là devant, pour toute l’existence.”
Et, comme il était obligé de descendre chercher un tube de couleur, il s’approcha d’elle, il la détailla avec une passion croissante, en touchant du bout de son doigt chacune des parties qu’il voulait désigner.
“Tiens, là, sous le sein gauche, eh bien, c’est joli comme tout ! Il y a des petites veines qui bleuissent, qui donnent à la peau une délicatesse de ton exquise… Et là, au renflement de la hanche, cette fossette où l’ombre se dore, un régal ! Et là, sous le modelé si gras du ventre, ce trait pur des aines, une pointe à peine de carmin dans de l’or pâle… Le ventre, moi, ça m’a toujours exalté. Je ne puis en voir un, sans vouloir manger le monde. C’est si beau à peindre, un vrai soleil de chair !”» Chap. IX, pp. 288-289

L’Œuvre
Émile Zola
Le Livre de poche



mardi 25 juillet 2017

À partir d'un incipit

«Elle parle vite.» Les mots sortent en rafale, saccadés, mais le flot semble intarissable. Elle dit le choc, la peine, le chagrin, la solitude et l'isolement. Elle dit qu'elle n'a plus rien, qu'elle n'est plus rien. Qu'elle n'arrive pas à se projeter dans un futur quel qu'il soit et ne sait donc ce qui l'attend. 
Elle ne s'apitoie pas sur son sort, elle considère les choses avec lucidité, froidement, malgré sa tempête intérieure. Elle a beau tourner les choses encore et encore dans sa tête elle peine à comprendre ce qui lui est arrivé et ne sait combien de temps il lui faudra pour s'en relever, pour retrouver un désir d'aller de l'avant.
Maintenant les larmes coulent. Elles jaillissent toutes seules et leur flot à elles aussi ne semble pas pouvoir s'arrêter. Elle pleure comme elle n'a jamais pleuré. De tout son corps, de toute son âme, de tout son cœur. Si au moins ces larmes pouvaient lui apporter un apaisement, mais plus elles coulent et plus elle a l'impression de sombrer.
L'épuisement finit par la rattraper, elle ferme les yeux, toujours secouée par les sanglots. La peine était trop forte, elle a pris un comprimé pour l'aider et le sommeil la cueille. C'est déjà le petit matin, il ne lui reste que quelques courtes heures à dormir et la journée qui l'attend s'annonce bien remplie.
Elle se réveille trois heures plus tard mais, étonnamment, elle parvient à se mettre en train sans trop de difficultés, et s'offre même le luxe d'aller à pied à son premier rendez-vous et d'arriver en avance.
Pendant ce temps elle en arrive à presque oublier le vertige qui l'habite.


jeudi 20 juillet 2017

Petites phrases

Composer une ou deux courtes phrases à partir des cinq mots suivants : souffle, cuiller, lapin, perruque, idée.

Souffle : c'est le nom qu'elle a donné à l'un de ses sensuels dessins, où deux corps s'enlacent, comme portés par le vent.


Une cuiller pour papa, une cuiller pour maman et une cuiller pour toi. Te souviens-tu de cette phrase destinée à te faire manger ce que tu n'aimais pas ?
Telle le lapin d'Alice, elle est toujours en retard, quelles que soient les précautions qu'elle prend pour partir à l'heure. Il paraît que cela vient d'une mauvaise évaluation du temps.
Ma grand-mère avait perdu ses cheveux à la suite d'une typhoïde et durant quelque temps avait  porté des perruques.
Il est temps que cela se termine, j'ai l'impression de ne plus avoir d'idées !

samedi 15 juillet 2017

Bordure rapportée – bord dentelle

  • Monter 6 mailles
  • Rang 1 (endroit) : 1 maille endroit, 2 mailles ensemble à l'endroit, 1 jeté, 2 mailles endroit, 2 jetés, 1 maille endroit (8 mailles)
  • Rang 2 : 2 mailles endroit, 1 maille endroit torse, 2 mailles ensemble à l'endroit, 1 jeté, 3 mailles endroit (8 mailles)
  • Rang 3 : 1 maille endroit, 2 mailles ensemble à l'endroit, 1 jeté, 5 mailles endroit (8 mailles)
  • Rang 4 : rabattre 2 mailles, 2 mailles ensemble à l'endroit, 1 jeté, 5 mailles endroit (6 mailles)
  • Répéter ces 4 rangs jusqu'à la longueur voulue

mardi 11 juillet 2017

Trésors dérisoires

Cinq participants, cinq mots : souvenir, jaune, tiroir, minuscule, ennui.

Elle sourit aujourd'hui au souvenir de ces interminables étés où elle ne partait pas et où elle n'avait à peu près rien d'autre à faire que lire ou regarder la télé. Le jaune soleil qui écrasait tout l'obligeait à rester chez elle, tapie dans la relative fraîcheur de sa minuscule chambre. Elle se souvient de sa table de chevet, dans laquelle elle cachait ses trésors dérisoires : bouts de ficelle, feuilles et fleurs séchées, petits cailloux, bouts de verre polis par l'eau d'un ruisseau, maintenant enfouis dans un tiroir de sa mémoire.

vendredi 7 juillet 2017

Moelleux au chocolat sans gluten ni lactose

  • 200 g de chocolat noir ou à pâtisser
  • 3 œufs
  • 75 g de sucre (de canne, de préférence)
  • 50 g de farine de châtaigne ou de riz
  • 60 g de poudre d'amande ou de noisette
  • 15 à 20 cl d'eau


Faire fondre le chocolat au bain-marie. Prendre deux saladiers et séparer les blancs des jaunes d'œufs. Dans le premier saladier, ajouter le sucre aux jaunes et les mélanger énergiquement. Ajouter la farine et la poudre d'amande. Dans le deuxième saladier, battre les blancs en neige ferme. Mettre le four à préchauffer à 180° (th 6). Une fois le chocolat fondu, l'incorporer à la préparation, mélanger tout en versant l'eau, de façon qu'elle soit moins compacte, puis les blancs d'œufs, délicatement. Verser le tout dans un moule et enfourner à 180° durant une demi-heure (vingt minutes pour un four à chaleur tournante). Le moelleux est prêt lorsqu'un couteau planté en son centre ressort sec.
Bon appétit !

mardi 4 juillet 2017

Trajet

Je laisse la porte se refermer derrière moi et me dirige à gauche. Le trottoir est étroit, pentu et pas très aisé à pratiquer. Je descends sur la chaussée. Il est tôt et la rue, peu fréquentée, est à sens unique. De jolies maisons la bordent, des glycines courent le long des clôtures, des lilas les accompagnent. Leurs fragrances se mêlent et embaument le voisinage.

Pas de lilas ici, juste une glycine enlaçant un arbre de Judée, mais on s'en fiche : c'est bien joli. Photos N.N.

Je marche près d'un quart d'heure jusqu'à l'arrêt commun aux deux lignes de bus que je peux emprunter. Je suis quasi sûre d'y trouver à m'asseoir.
La ville défile derrière les fenêtres, le trajet est rapide, vingt minutes tout au plus, dont une partie traverse un bois, mais le périple n'est pas terminé. Que prendre ? Ce bus relativement lent mais direct ? Cet autre, qui me mènera au tram, ou le métro et ses correspondances ? C'est le temps d'attente qui détermine mon choix, la durée totale du voyage est peu ou prou la même, quel que soit le mode de locomotion : entre une heure et quart et une heure et demie.
De nouvelles rues, de nouvelles façades, et hop, me voilà presque rendue. Je reprends ma marche et descends l'avenue. Le bruit et la circulation m'agressent mais je poursuis mon chemin dans ce quartier que je n'aime guère. La tour se profile au loin, j'approche du but.
Une porte, deux portes, trois portes, j'emprunte l'escalier, il n'y a qu'un étage à gravir, et me voilà à destination. C'est la dernière fois que je suis cet itinéraire.