lundi 23 février 2015

De peuple à peuple

Pour protester contre la manière dont l’Europe traite les Grecs tout en agissant de façon concrète, un projet de financement social participatif à l’échelle européenne a été lancé par Interdemos, un groupe de citoyennes et citoyens d'Europe.
Il ne s’agit surtout pas de contribuer au remboursement de la dette (et encore moins de ses intérêts), mais de soutenir grâce aux fonds recueillis des actions sociales en cours et de permettre qu’elles se poursuivent, en relation avec Solidarity4all, une structure qui finance et fédère en Grèce des actions sociales de terrain.
L’objectif de cette initiative est aussi de montrer, par cet acte, que les peuples savent se montrer solidaires, qu’ils en attendent autant de la part des Etats européens et de leurs gouvernements, et qu’ils réprouvent la politique imposée au peuple grec par le FMI et les institutions européennes et la misère qu’elle entraîne.
Vous trouverez des informations à propos de cette initiative sur MediapartPour de plus amples informations et pour contribuer au financement participatif, ça se passe .
Une autre manière de soutenir ce projet est de le faire connaître, par exemple en copiant ce message et en le diffusant autour de vous.

vendredi 20 février 2015

Le déclic

La semaine suivante Annie a repris la pose pour nous, et il semblerait qu'un déclic s'est produit.


Mes premiers dessins sont toujours aussi malhabiles, le temps de me remettre dans le bain. Je devrais pour bien faire m'exercer d'une semaine à l'autre mais, si je sors régulièrement mon bloc à dessins, je n'arrive pas à me mettre en condition et à passer à l'acte.


J'avais préparé ces fonds lors de séances précédentes mais n'avais pu les utiliser, l'aquarelle n'ayant pas eu le temps de sécher. J'avais conservé les feuilles, pensant bien trouver à les employer une autre fois.


Les gauchers se doivent d'être un minimum ambidextres mais je n'ai jamais su tenir de crayon de la main droite. Je me suis surprise à manier l'estompeur et le pinceau de cette main, sans y penser et sans en éprouver aucune gêne.
Le temps de pose a été allongé aux cours suivants, nous sommes repassés à trois minutes. Laura et Claudia, notre tout premier modèle, se sont cachées-drapées dans un voile, ne laissant que certaines parties du corps apparentes, à nous de les mettre en valeur.


Laura est mexicaine et revenait tout juste d'un séjour là-bas, très affectée par les enlèvements d'Iguala. Peut-être est-ce inconsciemment la raison pour laquelle elle a paru se cacher sous le voile comme sous un linceul…


Nous étions censés mettre en valeur les mains et les bras, les pieds et les jambes, mais Laura a une magnifique chevelure et je trouvais dommage de l'ignorer.

 Premières tentatives à l'encre de Chine.

La dernière partie du cours s'est déroulée à la lueur de deux bougies. Le premier dessin est hésitant, le temps que l'on râle et que les yeux s'accoutument à cet éclairage.


Alors que Laura se cachait sous le voile comme sous un linceul, Claudia l'a arboré tel celui d'une mariée des Années folles, l'agrémentant d'une couronne de fleurs.


La peau de Claudia est dorée et la sanguine s'est imposée, après avoir tracé les contours à la mine de plomb et colorié le voile à l'aquarelle.


Après avoir dessiné Claudia à la sanguine, je l'ai aussi tentée avec Laura, dont la peau est également dorée, même si plus sombre.

Le sens de la perspectve n'est pas encore exactement acquis…

Je n'ai pas réussi à rendre ce que je voulais. Laura s'était entièrement recouverte du voile de façon qu'on ne la voyait que de profil. Je l'ai entourée de bleu, comme dans une matrice.


Ce n'est qu'avec le recul que je m'en suis aperçue mais les teintes choisies donnent à cette pose des allures de paysage. En gris, le fond, en bleu, le voile dans lequel Laura s'était enroulée et, bien sûr, à la sanguine, son corps. Marie-Géographie, en quelque sorte.



Cette semaine-là j'ai assisté à trois cours. Peut-être est-ce l'effet pleine lune, mais j'ai pris un plaisir particulier à remplir mes feuilles, et tant pis si ce n'est pas encore tout à fait ça. Je n'arrive toujours pas à saisir les visages, et la crainte de ne pas réussir rend mes traits encore plus maladroits. J'ai manqué quelques jolies poses à peaufiner ces dessins-là, je regrette un peu, mais il était agréable de prendre le temps de le faire.

mardi 10 février 2015

Et puis après…

Après, je dois bien avouer que j'ai été un peu larguée. Je ne sais pas si un lien existe mais tout de suite après le 7 janvier une urticaire que je contenais pas trop mal depuis un moment s'est littéralement déchaînée. Les jambes, les bras, le torse, le dos. Surtout, mon visage et mes oreilles ont enflé et se sont couverts d'une espèce de carapace invisible à l'œil nu mais aussi douce au toucher que du papier de verre et sous laquelle je me sentais cuire, me donnant un peu l'impression d'être une version féminine de Grégoire Samsa. Sous les yeux, des plis ressemblant à des coups de canif me donnaient le regard halluciné d'un Giacometti. Le temps de me dire que ça finirait bien par passer puis de constater que non, qu'au contraire ça ne faisait que s'accentuer, de tourner trois fois autour de moi-même puis d'obtenir un rendez-vous chez le médecin mon visage avait désenflé et ma peau était redevenue presque normale, même si toujours excessivement sèche, et les autres démangeaisons à peu près maîtrisées (en l'occurrence le gingembre frais – une cuillerée à café de racine râpée – en infusion, les citrons chauds et le curcuma m'ont bien plus aidée que l'antihistaminique «officiel» que j'ai pu prendre). Brèfle, aurait dit Béru, j'ai manqué deux cours à cause de ça et ne me suis pas exercée à la maison tandis que les autres ont continué à progresser. J'ai d'autant plus regretté de les avoir manqués que la longue tradition des dessins satiriques y a été abordée, et j'ai d'autant plus ressenti le décalage que ces heures manquées s'ajoutaient à une séance ratée en fin d'année dernière et que certains élèves assistent aux douze heures hebdomadaires quand de mon côté je n'assiste généralement qu'à la moitié. Ce n'est pas une plainte, juste un constat, et je m'estime chanceuse de pouvoir me rendre à ces six heures – quelques-uns ne peuvent venir qu'une fois par semaine –, mais cela signifie d'autant plus qu'on ne progresse pas de la même manière, surtout en première année.

Au XVe siècle, déjà, au moment de la Réforme : Sauritt des Papst, gravure sur bois de Lucas Cranach l'Ancien
représentant le pape chevauchant une truie avec un excrément dans sa main gauche qu'il bénit de sa main droite.

Cette caricature de Louis-Philippe en Gargantua a valu six mois de prison à Daumier.

Je suis repartie de mes cours de reprise le moral en berne, désespérant d'y arriver un jour, surtout que même si chaque semaine a son thème aucune séance ne ressemble à l'autre, le prof modulant ses demandes à chaque fois, selon le déroulement de la précédente, ce qu'il a observé, le modèle, nos attentes.

Les moins pires, je vous épargne les autres.

Jérôme a un très beau corps, anguleux, harmonieux, que je crois même pouvoir qualifier de sculptural, mais que j'ai eu toutes les peines du monde à croquer en une minute à chaque fois. Aussi, contrairement aux dernières séances avec Annie, il n'y avait pas de continuité entre les poses. Nous avons été plusieurs gênés par cet aspect, qui a ensuite été rectifié.


Au cours de cette première série de poses où il évoluait sur un espalier installé sur la sellette Patrick a avoué être sujet au vertige mais a tenu à aller jusqu'au bout. Il s'est finalement aidé d'un gros tasseau de bois en guise de canne.


Sa chevelure faisait penser à celle des tout-petits quand ils perdent leur duvet de naissance et que poussent leurs cheveux. Le prof s'est étonné que je me souvienne de cette période mais la douce a exclusivement été portée durant ses six premiers mois et j'aimais voir l'air soulever ce duvet et les premiers rayons de soleil y jouer lorsque nous sortions.

vendredi 6 février 2015

Choux chinois farcis

Pour six choux de taille moyenne
- 100 g de riz basmati
- 12 feuilles de chou
- Environ 150 g de chair à saucisses ou un sachet de mélange pour galettes végétales
- 1 œuf
- 2 petites échalotes
- 1 grosse carotte râpée gros ou une poignée de julienne de légumes surgelés
- Poudre de Sambhar (curry sans poivre composé de coriandre, pois chiche, pois cassé, cumin, fenugrec, moutarde, curcuma, piment – je n'en ai jamais trouvé qu'en magasin bio)
- Garam masala (mélange d'épices composé de coriandre, cumin, cannelle, poivre, girofle, cardamome, piment, laurier)
- Curcuma
- Herbes de Provence
- Sel, poivre
Prévoir une marguerite (panier pour la cuisson à la vapeur) et une marmite d'un bon damiètre, de façon à l'y disposer la plus ouverte possible. Réduire la quantité de riz, voire la supprimer pour la version végétale.

Faire blanchir les feuilles de chou dans une marmite durant une quinzaine de minutes et, dans une autre marmite, cuire le riz. Dans un saladier mélanger la viande ou le mélange pour galettes végétales, l'œuf, les légumes, les aromates, les épices puis le riz. Rincer les feuilles de chou à l'eau froide pour ne pas se brûler les doigts et les disposer en croix dans une assiette. Garnir le centre de farce avant de rabattre les feuilles. Verser un fond d'eau dans la marmite puis y placer la marguerite. Disposer les choux farcis, recouvrir et cuire à feu doux durant une grosse trentaine de minutes. Ajouter un copeau de beurre salé au moment de servir, accompagner de riz parfumé de cardamome moulue après la cuisson ou de petits légumes.



mardi 3 février 2015

Chouette samedi

Je lui avais à plusieurs reprises proposé d'organiser une fête avec ses amies et copines pour son anniversaire mais mon offre n'avait pas semblé soulever grand enthousiasme, aussi avais-je fini par laisser tomber. Quelques semaines plus tard j'ai découvert comme par hasard qu'elle concoctait quelque chose avec sa presque jumelle. J'ai été consultée pour la date, l'horaire et le lieu où se déroulerait leur fête (ici ou là-bas) mais elles ont tout organisé seules. Une fois la date établie elles ont préparé leurs invitations et les ont transmises à leurs destinataires. Elles ont mis au point une liste de courses, qu'elles se sont réparties, et la douce est allée faire la plupart des siennes seule, a pâtissé avec son amie deux fournées de gougères et un gâteau à l'orange. De son côté la maman de l'amie a préparé un fondant au chocolat et un gâteau au citron. Elles ont aidé à ranger et ont décoré la maison, garni les coupelles de friandises, préparé les sachets de sucreries à offrir aux convives, affiché un mot dans les ascenceurs prévenant qu'il y aurait peut-être un peu de bruit, un dessin à la porte indiquant que c'était bien là que les choses se passaient. De la douzaine d'invités seules trois ne sont pas venues.



Il n'y a pas eu de restes…

Le soir la «vieille garde» est restée, nous avions quatre toutes jeunes filles inséparables depuis plus de dix ans à dîner et dormir.