jeudi 29 janvier 2015

Paul Durand-Ruel, le pari de l'impressionnisme au palais du Luxembourg

Il reste encore quelques jours pour visiter la belle exposition consacrée à Paul Durand-Ruel et aux peintres qu'il a fait connaître, avant qu'elle ne poursuive sa route à Londres puis à Philadelphie.


Les visiteurs peuvent y admirer une centaine d'œuvres de Manet, Monet, Renoir comme annoncé par le sous-titre, mais aussi de Sisley, Pissarro, Cézanne, Cassatt, Morisot, Degas, Caillebotte, Delacroix et Corot (il a défendu les peintres de ce qu'il appelait «la Belle École de 1830», connus par l'entremise de Delacroix qu'il admirait grandement, avant les impressionnistes), réparties dans une demi-douzaine de pièces.



Cette manifestation est la première jamais consacrée à ce marchand d'art, également collectionneur, depuis la fermeture de sa galerie. On dit de lui qu'il a inventé le marché de l'art au sens contemporain du terme avec de nouveaux moyens de promotion. Les trois quarts des œuvres exposées viennent d'autres pays, principalement des États-Unis et de Grande-Bretagne, témoins de ses méthodes de promotion et de diffusion. C'est grâce à lui que tant de ces peintures ornent de nos jours les murs des musées étrangers. Il y a parmi ceux que l'on trouve des tableaux achetés une première fois, vendus – à regret – puis rachetés.
Durand-Ruel noua des liens très forts avec les artistes qu'il fit connaître en Europe et en Amérique du Nord non seulement en vendant et exposant leurs œuvres – chez lui et dans sa galerie pairisienne puis, au gré de sa fortune, à Bruxelles, Londres et New York – mais en les achetant par dizaines (il acquiert à la longue quelque douze mille tableaux), leur procurant un revenu quand en France ces peintres étaient moqués et décriés, s'assurant ainsi le monopole de leurs tableaux.
Ce monarchiste convaincu, fervent catholique et antidryfusard, prit sous son aile Courbet le communard, Monet l'athée républicain ou encore Pissarro l'anarchiste d'origine marrane, pour ne citer qu'eux. Tant qu'il le peut (il frôle plusieurs fois la faillite) et en contrepartie d'un droit de premier regard sur leurs œuvres, il leur verse une allocation mensuelle et va jusqu'à régler certaines de leurs dépenses courantes (loyers, frais médicaux…). Pour faire (re)connaître les artistes dont il propose les œuvres il ouvre gacieusement sa galerie parisienne et les portes de son salon le mardi, jour de fermeture des musées, pour permettre au public de les admirer. Il crée également la Revue internationale des arts et de la curiosité afin de valoriser le travail des peintres. Il organise le premier de grandes expositions monographiques, jusque-là réservées aux artistes disparus et alors que les peintres eux-mêmes exposent habituellement en groupe, avec des événements autour de Monet, Renoir, Boudin, Pissaro et Sisley, permettant ainsi, par exemple, aux potentiels clients de découvrir les «séries» de Monet.
Au XIXe siècle les marchands d'art louent le plus souvent leurs tableaux aux riches bourgeois qui ainsi peuvent prétendre les collectionner, ou à des jeunes filles de bonne famille pour qu'elles puissent les copier. Si quelques hommes d'affaires se sont rendu compte qu'investir dans l'art pouvait rapporter autant qu'acheter des actions minières ou de chemin de fer, les uns commes les autres sortent rarement des sentiers battus et collectionneurs comme spéculateurs ne s'ouvrent pas aux courants novateurs. Durand-Ruel change cela en faisant appel à eux.



Certains tableaux habituellement exposés aux États-Unis ou à Londres ne reviennent en France que toutes les deux ou trois décennies. Ainsi sont par exemple réunis Danse à la ville, Danse à la campagne (musée d'Orsay) et Danse à Bougival (Museum of fine arts, Boston) de Renoir, des portraits des enfants Durand-Ruel du même Renoir, une série de peupliers exécutée par Monet ou encore un joli tryptique de paysages signés Sisley, Pissarro et Monet. Autres témoins des liens qui unissaient le marchand d'art à ces peintres, les portes de son appartement décorées par Monet, que l'on peut apercevoir avec les Danses et d'autres tableaux chez Une dilettante.

L'un de mes préférés : le jardin de la première maison de Monet à Argenteuil. 
Jardin de l'artiste, Claude Monet, 1873, National gallery of art, Washington.

Un MOOC a été créé pour accompagner l'expo, qui s'est déroulé du 20 octobre au 14 décembre derniers mais dont les cours restent consultables jusqu'au 8 février. De nombreuses vidéos l'illustrent, que l'on trouve également en ligne, et on trouvera une biographie détaillée du personnage sur le site qui lui est consacré…

19, rue de Vaugirard 
75006 Paris
Métro Saint-Sulpice ou Mabillon
RER Luxembourg 
Jusqu'au 8 février 2015

samedi 24 janvier 2015

L'apparition de la couleur

Petit à petit j'ai osé un peu de couleur.

Mise en avant de la présence du végétal.

La deuxième partie du premier trimestre a été consacrée à différentes approches du Déjeuner sur l'herbe. Celui de Manet, bien sûr, mais aussi ses variations par Picasso ou même Matisse.


Le trimestre s'est terminé par la visite de cinq expos, trois temporaires, dont celle consacrée à Marcel Duchamp à Beaubourg, que j'ai beaucoup aimée, et deux permanentes.



Duchamp a donné le ton à ce nouveau demi-trimestre. L'exercice est ardu, je suis repartie mécontente et frustrée du premier cours de l'année, un peu moins fâchée du deuxième, même si le résultat est encore loin de me satisfaire.

Étienne-Jules Marey, études de la marche par la chronophotographie, vers 1882.
Giacomo Balla, Bambina che corre sul Balcone, huile sur toile, 1912.
Marcel Duchamp, Nu descendant un escalier, 1912.


Marcel Duchamp par MELMOTH

Marcel Duchamp descendant un escalier, Eliot Elisofon, 1952.
Honoré Daumier, avocats.
Honoré Daumier, danseuses.
Toujours Daumier, lutteurs.

Partant de la photo d'Eliot Elisofon, nous devons arriver à «mécaniser» nos traits, en quelque sorte, comme dans le Nu descendant l'escalier du même Duchamp. Il nous faut donner à voir le mouvement de l'être plutôt que l'être en mouvement, à la façon des croquis d'Honoré Daumier.


Petite, menue, la peau diaphane et le corps tout en douceur, Annie donne chair avec la grâce et la souplesse d'une ballerine aux indications du prof. Les pauses de cet exercice ont d'abord duré trente secondes, avant de se muer en un mouvement lent et continu, au son d'Ibrahim Maalouf et de ses compagnons musiciens.


mardi 20 janvier 2015

Rafistoler

«Il n'est pas de la haute. C'est un roturier. Il n'a pas bac++ et il s'en passe. Il a la casquette sur l'œil, les mains habiles et le sourire encourageant. Il ne peut rien promettre, il n'a pas la notice, mais il va voir ce qu'il peut faire. Chez lui c'est à la bonne franquette, ça sent les moyens du bord, c'est le royaume du “ça peut servir”.
Il garde tout, et même, il récupère, chez vous, dans la rue, dans les d'écharges, aux Puces et dans les ventes de trottoir.
Il va raccorder un bout de truc à un morceau de machin, trouver sur une moitié de chose exactement le rouage qui lui manquait, qu'il fera tenir avec un fil pris, tu sais, là-bas sur le bidule dans le coin, oui, l'affaire qui ne servait plus à rien.
C'est pas de l'art. Il ne sait pas combien de temps ça peut marcher, mais on peut toujours essayer.
Il sera même capable de récupérer un cœur en détresse, et de le remettre en état. Il a tout ce qu'il faut pour ça, ça tiendra ce que ça tiendra. Qu'est-ce qu'on risque ?»

Coquelicot
et autres mots que j'aime
Anne Sylvestre
Points

lundi 12 janvier 2015

Marée humaine

Jusqu'au bout je me suis demandé si j'irai, la présence de certains personnages aux mains pas franchement nettes en tête de cortège y étant pour beaucoup. Je ne me sentais pas particulièrement Charlie, plus une humaine pleurant la mort d'autres êtres humains, dont j'avais côtoyé une partie il y a longtemps, même si le contact avait été perdu. Je suis finalement passée outre ces réticences et me suis mise en train un peu avant 14h30 – j'étais censée retrouver des coopanamiens à côté du Cnam vers 15h00. Je n'avais jamais vu autant de monde sur ce quai de la petite ligne 3bis en milieu de journée, et encore moins un dimanche, de même le long de la ligne 3 ensuite. Beaucoup de gens arboraient qui des crayons, qui des pancartes, ou parlaient simplement du rassemblement. Une certaine connivence régnait, et l'on se souriait sans se connaître. Le trajet a été rapide, pas mal de stations avaient été fermées. Celles annoncées la veille dans la presse par la préfecture, et d'autres encore depuis. Je suis remontée à la surface à Réaumur-Sébastopol, et comme la plupart me suis dirigée vers République. Étrangement, la circulation sur le Sébasto était habituelle et créait comme une barrière qui, freinant momentanément la foule, permettait à ceux qui se trouvaient déjà de l'autre côté d'avancer encore un peu. Il m'a tout de même fallu près d'une demi-heure pour parcourir une distance qui habituellement demande tout au plus une dizaine de minutes. Une fois au milieu des gens on entendait régulièrement des vagues d'applaudissements, comme autant de félicitations d'être venus si nombreux pour saluer la mémoire des disparus, affirmer leur refus de vivre dans la peur, leur refus de la barbarie et leur attachement à la liberté d'expression, à la laïcité, à la République aussi imparfaite soit-elle…
La Marseillaise retentissait régulièrement et, si je ne ne pouvais m'empêcher de me dire que les victimes de la rédaction de Charlie auraient préféré L'Internationale, même si je suis de ceux qui aimeraient voir les paroles de l'hymne national changées pour d'autres, moins guerrières, il était agréable de voir que ce chant n'était plus laissé aux seuls nationalistes de tous poils. Il est des contrées où entonner l'hymne national ou arborer le drapeau est naturel, pas ici, sauf dans des occasions précises, où on ne voit en revanche aucun problème à porter des vêtements ornés d'un drapeau américain ou britannique, pour ne citer que ceux-là.


À l'angle de la rue Conté, à deux pas de l'ancien siège du journal.

Aux Arts et Métiers seules trois des personnes que je devais retrouver étaient au rendez-vous. Nous avons attendu les autres un temps avant que deux d'entre elles ne décident d'avancer. Nous sommes restés encore un peu. La foule se densifiant toujours plus nous avons craint de nous trouver coincés si nous avancions et, finalement, commençant à avoir froid, contournant le Cnam par les petites rues pour éviter la cohue qui avait envahi les grandes artères voisines, sommes retournés vers le Sébasto où le flux automobile continuait, imperturbable, prendre nos métro et RER respectifs. Le retour a été encore plus rapide que l'aller, des stations supplémentaires ayant été fermées entre Réaumur et Gambetta, rendant le trajet direct.


On pourrait croire que j'ai calqué mon texte sur le commentaire de ce reportage mézenfait  non, pas du tout, je l'ai trouvé après avoir rédigé mon billet…

J'ai quelques manifs à mon actif mais je n'avais jamais assisté à un tel rassemblement. Puisse cet élan être suivi d'effets bénéfiques, après tant d'horreur…


vendredi 9 janvier 2015

Expliquer


Illustration de Stephanie Blake.

Pas évident de trouver les mots qui expliquent le drame de mercredi aux enfants-ados. Une copine documentaliste a rédigé un  texte pour son collège, Coline propose d'autres pistes, de même que Mon quotidien et, bien sûr, le ministère
Des enseignants on relaté à Rue89 comment ils ont abordé les choses avec leurs élèves.


Il faut maintenant trouver les mots pour dire ce qui s'est passé hier et aujourd'hui…

mercredi 7 janvier 2015

Charlie



Charb
Cabu
Tignous
Wolinski
Oncle Bernard
Honoré
Mustapha Ourrad, l'un des correcteurs
et les autres

Je pleure un peu plus à chaque annonce de nom, et je pense aussi à ceux qui restent et qui devront continuer.

lundi 5 janvier 2015

Vingt manières de présenter ses tartes

Je me suis souvent demandé, après avoir vu l'adaptation de Mildred Pierce avec Kate Winslet, quel était son secret pour obtenir de si beaux gâteaux en général et de si belles tartes en particulier. 

Mais je me souviens que je n'aimais pas trop ces gâteaux, que je trouvais assez difficiles à digérer et plutôt insipides. 
Il y avait comme un décalage entre la promesse visuelle et la réalité gustative.

J'avais cherché, en vain. La réponse, je l'ai trouvée alors que je n'y pensais plus chez Relish, grâce à BlueMarguerite.


Leur pâte à tarte diffère des nôtres et doit avoir une meilleure tenue :
- 3 tasses de farine
- 1 cuiller à café de sel
- 1 tasse de matière grasse. Les Américains utilisent du shortening, un ingrédient approchant la Végétaline, que nous n'avons pas ici. On peut le remplacer par de la margarine ou du beurre
- 1 œuf
- 1 cuiller à café de sucre
- 3/4 de cuiller à café de vinaigre
- Eau froide

1. Mélanger la farine et le sel. Ajouter la matière grasse et mélanger jusqu'à obtention d'une pâte grossière.
2. Dans un verre gradué, mélanger l'œuf, le sucre, le vinaigre et suffisamment d'eau pour obtenir une demi-tasse. Verser le mélange sur la pâte précedemment obtenue.
3. Mélanger grossièrement à l'aide d'une fourchette et former deux boules que l'on enveloppera dans du film alimentaire avant de les placer au frais.
4. Applatir les boules au rouleau à pâtisserie et former un cercle du diamètre correspondant au moule à tarte.
5. Plier la pâte en quatre et la transférer dans le moule avant de l'y étaler et de la garnir.