vendredi 5 septembre 2014

Paris libéré, Paris photographié, Paris exposé au musée Carnavalet

Nous avons profité de l'accès gratuit à cette exposition le 25 août dernier, jour symbolique, pour la visiter.


En vue de cette manifestation, les mêmes légumes et aromates qu'il y a soixante-dix ans ont été cultivés par le département des parcs et jardins de la Ville dans les parterres des cours du musée.

Des courges, des choux, des tomates…

De la ciboulette, du thym, de la sauge, de la bourrache…


Nous n'avons pas vu toutes les plantations, il pleuvait. Le temps nous était en outre compté et je n'ai pas pris celui de consulter le classeur les présentant mais je n'ai pas vu les célèbres topinambours et rutabagas.

affiche trilingue

L'exposition est trilingue français, anglais, allemand. Des visites en langue des signes sont également organisées. Le site du musée propose par ailleurs un livret à destination des enfants pour accompagner leur visite – que je n'ai pas vu sur place, le guichet d'accueil distribuant uniquement les billets d'entrée cette fois-là (le musée est habituellement fermé le lundi).
Cette rétrospective présente un impressionnant fonds photographique, qui rassemble des clichés de photographes professionnels (Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Robert Capa, René ZuberJean Séeberger pour ne citer qu'eux…) et amateurs, accompagnés de films d'époque et de témoignages actuels de résistants notamment avec, en fin de parcours, une carte interactive complémentaire au webdoc historique Mémoires de civils et au film qui en a été tiré.

Le film dure près d'une heure mais on ne voit pas le temps passer.

En septembre 1944, la ville à peine libérée et la guerre pas encore terminée, François Boucher, conservateur du musée Carnavalet et résistant, lance un appel dans la presse et fait le tour des agences photos afin de réunir le plus grand nombre possible de «documents indispensables à l'historien du futur» en constituant «une documentation très complète sur les journées de la libération de Paris». Une exposition ouvre ses portes au public dès le 11 novembre suivant, remportant un grand succès.

L'affiche de 1944.

Cette première exposition organisée dans la foulée des événements manque bien sûr de recul et la réalité des faits cède souvent la place à l'euphorie. Soixante-dix ans plus tard, les historiens peuvent mettre en miroir le traitement de la situation sur le vif et celui que permettent le recul et l'évolution des mœurs.
Alors que l'exposition de 1944 se focalisait sur les journées de combat pour libérer la ville et sur le général de Gaulle, n'accordant qu'un panneau à la période de l'Occupation (pas besoin, à l'époque, de rappeler ce quotidien aux Parisiens), et gommant de ce fait les pages les moins glorieuses, celle qui se déroule ces temps-ci au même endroit nous fait commencer la visite dès 1940 pour nous conduire aux journées insurrectionnelles d'août 1944 et, au fil des images, nous montre comme certains clichés ont été recadrés, certaines scènes reconstituées de façon plus ou moins habile, pour coller à la vision de l'époque.

FFI, boulevards Saint-Michel et Saint-Germain.

Deux combattants figuraient sur cette photo de Robert Doisneau avant recadrage. Mon moteur de recherche ne m'a pas permis de retrouver l'original, il faut visiter l'expo pour le voir, mais on devine la silhouette du deuxième homme. On voit sur la partie conservée un homme jeune, beau et armé, alors que la majorité des combattants manquait d'armes.


Autre image manipulée, celle-ci, depuis toujours présentée comme celle de la signature de la reddition de Paris par le général von Choltitz. S'il a bien signé le document, aucun photographe n'était là pour immortaliser l'instant. Il demande ici à récupérer sa cantine, restée à l'hôtel Meurice. La prise de vue originale le montre entouré de deux membres de la 2e DB.


Un film réalisé à chaud, avec les commentaires pleins d'emphase d'époque…

Les combattantes sont peu représentées sur les prises de vues, alors qu'elles ont pris une part active à ces journées, de même que les soldats noirs, victimes des directives ségrégationnistes de l'armée américaine, ou encore les combattants étrangers, puisqu'il fallait, pour la légende nationale, que Paris ait été libéré par les Parisiens.

La libération de Paris – Anita dispense des soins à un blessé allemand le 21 août 1944.

Anne-Marie (Anita) Dalmaso est la jeune femme que l'on voit arrachant son fusil à un soldat allemand sur le parvis de l'Hôtel de Ville vers la moitié du film ci-dessus. René Zuber l'a prise soignant un soldat allemand (le même ?). Une conférence lui sera consacrée, ainsi qu'au rôle des femmes durant cette période, le 11 septembre prochain.



Arrivés un peu tard nous avons fini l'exposition au pas de course mais elle se déroule jusqu'en février prochain, délai qui devrait nous me permettre d'y retourner pour voir l'installation audiovisuelle de Stéphane Thidet expliquant notre lien aux images et écouter le généticien Axel Kahn expliquer comment le cerveau les mémorise.
Une autre exposition, Août 1944, le combat pour la liberté, se déroule sur le même thème à l'Hôtel de Ville jusqu'au 27 septembre prochain, qu'il faudra aussi que nous visitions. Une autre encore, traitant de la libération du Sénat, se terminera la veille.

entrée par le 16, rue des Francs-Bourgeois
75004 Paris
en raison de travaux
M° Saint-Paul – Le Marais ou Hôtel-de-Ville
jusqu'au 8 février 2015

P.-S. Un billet très complet chez Culturez-vous et tout un dossier dans Libé.
Libérez Paris 2014 propose, en fançais et en anglais, plusieurs activités aux internautes parmi lesquelles un jeu de piste pour tablettes ou téléphones, des parcours pédestres à suivre dans Paris, les blogues de trois personnages imaginaires, l'accès à un important fonds documentaire d'époque grâce aux équipes de la Ville et des musées Carnavalet et Leclerc-de-Hautecloque – Jean-Moulin.
70e.fr, de son côté, recense tous les événements liés à l'anniversaire de la Libération de la France en plus d'articles et de vidéos sur/de cette période.

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