mercredi 25 janvier 2012

Terminaison en picots



Tricoter 2 fois *1 rang de jersey envers, 1 rang de jersey endroit*, soit deux barres de point mousse.
Tourner l'ouvrage et le tricoter en jersey endroit. Rabattre 2 mailles. Monter 2 mailles dans la maille obtenue.
Tricoter ces 3 mailles en jersey endroit. Rabattre 6 mailles en jersey endroit, etc.

Mode gauchère on : je ne tourne jamais mon ouvrage pour obtenir le jersey endroit ; je le tricote en «simples» allers-retours. 
Explications supplémentaires dans les comm'…

Petit bonheur du jour

Se laisser envoûter par les notes de Jean-Sébastien, les sons de Gérard, les mots de Rainer Maria et la voix de Laurent…
C'était mardi, chez Kathleen Evin.

lundi 23 janvier 2012

Quel travail voulons-nous ?

Aujourd'hui, sur les ondes des stations de Radio France, journée thématique consacrée au travail. On peut en consulter le programme Des membres du collectif Novéquilibres, de la coopérative d'activités et d'emploi Coopaname, interviendront à partir de 14h00 en direct du théâtre du Rond-Point.
Certaines émissions de la journée seront bien sûr téléchargeables.

jeudi 19 janvier 2012

Quatre Sœurs, Malika Ferdjoukh

Je lis parfois les livres de ma 10-ans (oui, Az, je fais comme toi pour parler de la chair de ma chair:-) qui, si elle le pouvait, lirait même en dormant. Il m'arrive d'en piocher pour moi au département jeunesse de la bibli (Agnès Desarthe et Marie Desplechin figurant parmi mes préférées) et de les lui passer par la suite.
J'avais entendu parler des Quatre Sœurs (qui sont en réalité cinq) il y a un bon moment de cela. Ma fille était bien trop petite encore pour les aborder mais j'avais mémorisé le titre.
En cherchant des infos sur Les Quatre Filles du Dr March (qui était pasteur et pas docteur), dont il s'avère, si l'on en croit les spécialistes, qu'il a fort mal été traduit, je tombe sur cet entretien avec Malika Ferdjoukh, qui finit par me renvoyer à ses Quatre Sœurs
Au départ tétralogie dont chaque volume porte le prénom d'une des filles Verdelaine n'ayant pas encore atteint l'âge adulte, de la plus jeune à la plus âgée, rééditée plus tard en coffret puis en un seul volume par l'École des loisirs, l'histoire est censée s'adresser aux enfants à partir de 11 ans. Les adultes la savoureront tout autant et peut-être même plus en raison de repères historiques ou littéraires qui leur parleront mieux, d'où une lecture à plusieurs niveaux, et parce que ce genre de livres permet le partage avec ses (pré-)ados.
Au fil des quatre volumes on croise les parents (ou plutôt leurs apparitions), disparus dans un accident depuis dix-neuf mois et vingt-deux jours quand débute le récit, des chats nommés Ingrid et Roberto, une chauve-souris et un rat qui s'appellent respectivement Swift et Mycroft, sans oublier le Gnome de la chasse d'eau, rebaptisé Cary Grant. L'auteure ne se gêne pas pour se moquer de la presse dite «féminine» ou des feuilletons américains et du goût que l'on peut prendre à les suivre. Elle rend hommage à Brassens avec son Bistrot, crée des expressions dont on pourrait aimer qu'elles se répandent dans les cours de récréation. Il y a aussi les noms rares ou farfelus des personnages secondaires ou des localités voisines… Sur un ton souvent pince-sans-rire, toujours savoureux, Malika Ferdjoukh aborde le deuil, la solitude, la sexualité et les émois amoureux, la maladie, les relations familiales, l'acquisition de l'indépendance.

Les livres ont été publiés en 2003, à raison d'un par trimestre, et ont sûrement été vendus à x mille exemplaires, je n'invente comme qui dirait pas le fil à couper l'eau tiède en en parlant. Ils ont (très) bien été résumés par d'autres, raison pour laquelle je ne le fais pas, mais je pense que ces histoires feront partie d'un de nos prochains achats et que, d'ici un an, peut-être, nous les lirons à nouveau ensemble, et découvrirons des choses qui nous auront échappé la première fois, de nouvelles pistes à explorer, à expliquer…


Quatre Sœurs,
Malika Ferdjoukh,
L'École des loisirs
en un ou quatre volumes,
également en BD chez Delcourt
(un seul volume pour l'instant)
et bientôt au cinéma

Motif de feuilles – bordure rapportée



Monter 8 mailles.
Note. ** = 1 augmentation simple à l'endroit.
  • 1er rang : 5 m end., 1 jeté, 1 m. end., 1 jeté, 2 m. end. = 10 m.
  • 2e rang : 6 m. env., **, 4 m. end. = 11 m.
  • 3e rang : 4 m. end., 1 m. env., 2 m. end., 1 jeté, 1 m. end., 1 jeté, 3 m. end. = 13 m.
  • 4e rang : 8 m. env., **, 5 m. end. = 14 m.
  • 5e rang : 4 m. end., 2 m. env., 3 m. end., 1 jeté, 1 m. end., 1 jeté, 4 m. end. = 16 m.
  • 6e rang : 10 m. env., **, 6 m. end. = 17 m.
  • 7e rang : 4 m. end., 3 m. env. 4 m. end., 1 jeté; 1 m. end., 1 jeté, 5 m. end. = 19 m.
  • 8e rang : 12 m. env., **, 7 m. end. = 20 m.
  • 9e rang : 4 m. end., 4 m. env. 1 surjet simple à l'end., 7 m. end., 2 m. ens. à l'end., 1 m. end. = 18 m.
  • 10e rang : 10 m. env., **, 8 m. end. = 19 m.
  • 11e rang : 4 m. end., 5 m. env. 1 surjet simple à l'end., 5 m. end., 2 m. ens. à l'end. = 17 m.
  • 12e rang : 8 m. env., **, 3 m. end., 1 m. env., 5 m. end. = 18 m.
  • 13e rang : 4 m. end., 1 m. env., 1 m. end., 4 m. env., 1 surjet simple à l'end., 3 m. end., 2 m. ens. à l'end., 1 m. end. = 16 m.
  • 14e rang : 6 m. env., **, 4 m. end., 1 m. env., 5 m. end. = 17 m.
  • 15e rang : 4 m. end., 1 m. env., 1 m. end., 5 m. env., 1 surjet simple à l'endroit, 1 m. end., 2 m. ens. à l'end., 1 m. end. = 15 m.
  • 16e rang : 4 m. env., **, 5 m. end., 1 m. env., 5 m. end. = 16 m.
  • 17e rang : 4 m. end., 1 m. env., 1 m. end., 6 m. env., 1 surjet double à l'end., 1 m. end. = 14 m.
  • 18e rang : 2 m. ens. à l'env., placer la maille obtenue sur l'aiguille gauche, rabattre 5 m. en les tricotant à l'endroit, 1 m. end., 1 m. env., 5 m. end. = 8 m.
Répéter ces 18 rangs jusqu'à la longueur voulue.

Au dernier motif, une fois la longueur désirée atteinte et avant la formation de la tige de la feuille suivante – soit à partir du premier surjet simple (13e rang), ne tricoter que la pointe de la feuille.

Surjet simple à l'endroit : glisser une maille à l'endroit, tricoter la maille suivante à l'endroit puis passer la maille glissée au-dessus = diminution inclinée à gauche.
Surjet double à l'endroit : glisser une maille à l'endroit, tricoter les deux mailles suivantes ensemble à l'endroit puis passer la maille glissée au-dessus = 2 diminutions à gauche.


Tricot pour enfants
C'est vous la styliste !

Kate Buller
éd. Fleurus

Lemon curd

Ingrédients
- 4 œufs
- 2 citrons, bios de préférence, non traités après récolte au minimum
- 100 g de sucre de canne
- 1 grosse cuillerée à soupe de beurre (environ 30 g)
- 1 cuillerée à soupe de fécule de maïs (Maïzena)

Préparation

- Rincer et casser les œufs ; mélanger les blancs et les jaunes dans un grand bol en verre.
- Laver les citrons, râper le zeste et en presser le jus ; les ajouter aux œufs.
- Ajouter le sucre, le beurre et la fécule de maïs.
- Cuire le tout au bain-marie en mélangeant régulièrement à l'aide d'une spatule en bois durant une petite demi-heure. C'est prêt lorsque la crème a épaissi.
- Verser dans un bocal, laisser refroidir si on est patient et déguster…
Bon appétit !


samedi 14 janvier 2012

Cherche bonne âme tricoteuse

Gauchère ayant appris à tricoter en regardant une droitière, ma façon de faire sort quelque peu de l'ordinaire : je ne tourne jamais l'ouvrage lorsqu'il s'agit de le tricoter en jersey, de sorte que je travaille toujours à l'endroit. Autant dire que suivre certaines indications peut se révéler quelque peu fastidieux, et que je suis absolument incapable de les déchiffrer lorsqu'elles se présentent sous forme de diagrammes. Quelqu'un saurait-il me «traduire» celui-ci, trouvé chez Drops Design, et qui doit être d'une simplicité enfantine ?
Merci, merci.

jeudi 12 janvier 2012

Matisse, Cézanne, Picasso… l'aventure des Stein

Si vous n'y êtes pas encore allés et que vous êtes à Paris ces jours-ci, ne manquez pas cette extraordinaire exposition au Grand Palais. Elle a déjà été prolongée d'une semaine et se termine le 22 janvier…
Nous étions allées une première fois à l'occasion d'une sortie entre filles mais, devant être rentrées à une heure précise, n'avions pu la visiter en entier. Nous y sommes retournées hier, avant qu'elle se termine, et avons fait une réserve visuelle de belles choses… J'y retournerais bien, si le temps ne manquait !
Le titre de l'expo est presque réducteur : si l'on peut effectivement y admirer beaucoup de Matisse et de Picasso, les œuvres de bien d'autres artistes, parmi lesquels Renoir, Bonnard, Degas, Picabia, Manet, Marie Laurencin, Juan Gris, Maurice Denis, Francis Rose y sont exposées. Je ne voudrais pas dire de bêtises et peut-être est-ce parce que Cézanne ne figure pas parmi mes peintres préférés mais, s'il est effectivement présent au travers de tableaux peints par ses confrères en écho ou hommage à certaines de ses œuvres, il me semble que l'on n'y voit pas tant de tableaux de lui que cela.
Des photos nous permettent de découvrir le salon de Gertrude et Leo, rue de Fleurus, et celui de Sarah et Michael, rue Madame, et, au fil du temps, de voir leurs murs se garnir…

La Rmn Grand Palais a consacré un numéro de son Petit Journal à cette expo. On le trouve non pas à la boutique souvenirs de ladite expo, mais à la librairie du musée (on peut donc faire un détour pour le prendre avant de commencer la visite). Je me demande pour quelle raison il n'est pas proposé dès l'entrée, il ne concurrence pas les audio-guides, encore moins le catalogue (huit pages pour le premier, plus de 450 pour l'autre), et les gens qui pour une raison ou une autre ne s'arrêtent pas à la librairie passent à côté.

Deux sortes d'audio-guides sont proposés aux visiteurs, à louer sur place ou à télécharger directement sur le site, pour les enfants et pour les adultes. Chacun peut ainsi suivre l'expo à son rythme.
Le Grand Palais organise aussi des ateliers pour les 8-12 ans (pas essayés).
Infos pratiques .
Se consoler un peu de ne pouvoir y aller ou .

mardi 10 janvier 2012

Mémoires de Montparnasse, John Glassco

À la fin des années 1920, début des années 1930, le tout jeune John Glassco (1909-1981), Québecois anglophone, plaque ses études et décide de venir à Paris. Il passera trois ans en France avant de repartir au Canada, atteint de tuberculose. Mais tout de même, quels extraordinaires débuts dans la vie ! À peine arrivé à Paris, et alors qu'il n'y connaît personne, il rencontre des personnes déjà célèbres à l'époque, devenues pour la plupart mythiques de nos jours : Robert Desnos, André Breton, Ernest Hemingway, Gertrude Stein et Alice Toklas, Francis S. Fitzgerald, James Joyce, Man Ray et Kiki de Montparnasse, Tristan Tzara et j'en oublie…
Je ne suis pas nostalgique d'une époque que je n'ai pas connue mais, plus d'un an après avoir lu ce livre, je ne peux m'empêcher de me demander si un tel parcours serait encore possible de nos jours.

« ... Je sais aujourd'hui que l'enjeu était plus important : il s'agissait de choisir entre plaisir et accomplissement, entre exigences de la vie et exigences de l'art. On doit choisir très tôt dans l'existence, et plusieurs fois ; dès lors que l'on prend un même parti deux ou trois fois d'affilée, le sort en est jeté de manière quasi irrévocable. Ces décisions, qui semblent des broutilles, sont plus lourdes de conséquences qu'on ne le croit ; l'orientation de la vie n'attend pas une quelconque maturité ou une quelconque sagesse pour se dessiner, elle est régie de façon plutôt cavalière pour l'émotion, l'appétit ou le caprice. C'est Balzac, je crois, qui dit qu'il est vital pour un jeune homme de décider très tôt de son ambition, pour la simple raison qu'il sera ainsi appelé à la réaliser. Mais je l'ignorais, et, en me disant derechef que j'aurais toujours le loisir de reprendre la voie laborieuse de l'art, je choisis le chemin velouté de la jouissance immédiate. L'essentiel était de prendre du bon temps. »


Mémoires de Montparnasse,
chap. XV,
John Glassco,
trad. Daniel Bismuth,
 

éd. Vivianne Hamy



On peut en lire les premières pages .

Ici, on trouvera ce qu'a écrit Patricia Godbout à propos de l'auteur et du contexte dans lequel a été écrit cet ouvrage dans le collectif Passeurs d'histoires : figures des relations France-Québec en histoire du livre (ne pas se fier au titre, pas très sexy).

dimanche 8 janvier 2012

Tricots maudits, encore

Je ne tricotais jamais rien pour ma mère parce que la laine lui donne des plaques en plus de démangeaisons jusqu'à ce que, dernièrement, je lise quelque part que la laine de mérinos est anallergique. La saison s'y prêtant, j'ai voulu lui tricoter des mitaines mais la plupart des modèles trouvés sur la Toile se tricotent au minimum en 3,5 et la laine que j'avais se tricote en 2,5 ou 3.
Je voulais au départ un mélange des Susie's reading mitts et des mitaines de Faustine (la forme des unes et le motif des autres, le plumetis se prête plutôt bien au jeu des augmentations) mais mon premier essai, avec des aiguilles circulaires n° 3, était trop petit. J'ai défait puis recommencé en trichant avec des aiguilles 3,5, mais ne suis pas venue à bout du fameux magic loop : j'avais des jours échelle de chaque côté de la main, et ce n'était pourtant pas faute de serrer les mailles. J'ai redéfait pour cette fois-ci suivre les indications de Nouchka. Là encore j'ai dû recommencer car même en trichant avec le diamètre des aiguilles elles risquaient d'être trop étroites. Comme j'ai parfois le cerveau lent j'ai attendu d'en être à la moitié de la deuxième main pour détricoter encore. Nouvel essai en ajoutant quelques mailles. Je tricote une première main, sans rien noter, sûre que je retiendrai toutes les étapes pour les reproduire par la suite. Mal m'en a pris : je m'égare dès la deuxième main et ne m'en aperçois qu'une fois le pouce tricoté. Je recommence, en prenant des notes cette fois-ci.
Voilà comment un tricot qui n'aurait pas dû occuper plus de quelques soirées m'a accaparée (oui, oui, rien de moins !) plusieurs semaines… Je voulais les lui offrir pour son anniversaire, début décembre, elle les a reçues pour Noël.

Le vert est la couleur préférée de ma fille et de ma mère.
Fil BB mérinos de Fonty.

Pour aller avec ces mitaines j'avais décidé de lui tricoter une écharpe feuille, dont le pas-à-pas se trouve facilement sur la Toile. Un autre modèle qui n'aurait pas dû me prendre plus de quelques soirées, d'autant que je le voulais au point de jersey avec juste une bordure ajourée. J'ai une fois de plus triché avec le diamètre des aiguilles et après un essai l'ai tricoté en 4. Arrivée à la fin des premières augmentations, je ne sais quelle mouche m'a piquée mais j'ai ajouté une maille aux deux côtés de ma bordure et ne m'en suis bien sûr pas rendu compte tout de suite. Je défais donc au moins une vingtaine de rangs. Après avoir dédoublé l'ouvrage, les mailles paires allant sur une aiguille et les impaires sur l'autre, arrive le moment de les assembler à nouveau sur une même aiguille : je me suis retrouvée plusieurs fois avec un décalage de deux mailles au bout du rang. Je ne sais pas combien de fois j'ai recommencé avant d'arriver à un résultat qui me convienne. Avec cinquante mailles, largeur de la feuille, le corps de l'écharpe me semblait trop étroit pour bien protéger la nuque ; j'ai donc fait des essais de largeur.

Ma mère est arrivée et l'écharpe n'était pas terminée, je voulais m'assurer de sa longueur avant de commencer la deuxième feuille. J'ajoute une dizaine de rangs et aborde ce qui aurait dû être la fin de l'ouvrage. Je la fais essayer à maman mais il manque encore deux ou trois petits centimètres pour qu'elle se ferme joliment. En outre je n'aime pas la finition du bord gauche, juste avant les jours, elle ne ressemble pas à l'autre côté. Je refais marche arrière et, après une vingtaine de rangs supplémentaires, vois la fin de la chose se profiler.



Mon petit mannequin m'en a déjà commandé une…

Je ne comprends pas pourquoi ces ouvrages normalement si simples et réputés rapides à réaliser me demandent tant de temps, alors que j'ai déjà tricoté des choses bien plus élaborées sans rencontrer de problèmes particuliers. J'ai déjà plusieurs paires de mitaines à mon actif et personnaliser les modèles qui me plaisent est pour ainsi dire une habitude. Je suis gauchère mais je ne suis pas sûre que cela explique tout… Peut-être les autres filles rencontrent-elles de telles difficultés mais n'en disent-elles rien ? Peut-être sont-elles simplement moins exigeantes ?

Les correcteurs digèrent mal

Les correcteurs du monde.fr, sur leur blogue, Langue sauce piquante, ont mis en ligne un article publié dans le Que Choisir de ce mois-ci. Pour ceux qui se demandent pourquoi les livres qu'ils achètent contiennent de plus en plus de fautes, et pour les autres aussi.

mercredi 4 janvier 2012

Un soir de décembre, Delphine de Vigan

Je ne les connais pas tous mais chacun des livres de Delphine de Vigan que j'ai pu lire comporte au moins un passage qui me touche particulièrement. C'est troublant et ça ne m'est arrivé avec aucun autre auteur, ou du moins je ne m'en souviens pas. Elle aurait pu écrire les lignes suivantes après avoir rencontré celui qui partage mes jours depuis bientôt quatorze ans, même s'il ne travaille pas dans le même secteur que Mathieu.

« En dehors d'Élise et des mannequins du catalogue Deux Soleils, Mathieu n'a des femmes qu'une vision approximative. Il est myope et ce handicap est devenu pour lui la seule façon d'appréhender le monde et de s'y mouvoir. Quelques semaines après son mariage, il a cessé de porter ses lunettes. Il n'a donné aucune explication, n'ayant élaboré aucun argument susceptible de justifier cette lubie. Peu à peu, il s'est habitué à évoluer ainsi, au milieu de formes indistinctes et de silhouettes mouvantes, attentif aux couleurs et aux lumières, prudent puis confiant, dans un décor imprécis dont il ne distingue que les contours. Certes, il ne reconnaît pas toujours ses amis ou ses voisins quand il les croise dans la rue, mais compense ces manquements à la plus élémentaire courtoisie par un regard dénué de tout jugement. Des visages, il ne perçoit que la douceur et les courbes, incapable au-delà d'une certaine distance de deviner leur âge ou leur beauté. Au-delà d'un mètre le monde lui apparaît lisse et harmonieux, jamais ne le heurte ni ne l'interpelle. Hors de chez lui, il a pris l'habitude de s'éloigner des choses et des gens, de les maintenir à distance, afin qu'opère cette vision tronquée, édulcorée, qui gomme les aspérités et lui dérobe les corps. Il évite les foules et les heures de pointe, se rend à pied à l'agence et fuit systématiquement les lieux ou les occasions qui lui imposent la promiscuité.

Ce mode de vie induit quelques contraintes qu'au fil du temps il a apprivoisées. Par exemple, lorsqu'il doit se rendre en métro dans un endroit où il n'est jamais allé, il monte toujours en tête ou en queue de rame, afin de pouvoir déchiffrer, au moins du côté où il se trouve, les panneaux de correspondance et de sortie. Pour ses rendez-vous il privilégie les endroits dont il connaît la géographie utile (toilettes, sortie…) et arrive toujours en avance pour ne pas avoir à chercher, au milieu d'une foule résolument anonyme, la personne qu'il doit y retrouver.

Au début, il gardait ses lunettes sur lui, glissées dans une poche, en prévision de quelque incontournable problème d'orientation. Mais maintenant il les laisse chez lui, il en a oublié l'existence en même temps que la nécessité. Il évolue dans un monde sans visage, hormis celui de ses proches, et cela lui semble dans l'ordre des choses, il va et vient, dans ce léger brouillard qui le protège et lui laisse parfois croire, puisqu'il ne distingue rien au-delà d'une certaine distance, qu'il ne peut être vu. »

Un soir de décembre
Delphine de Vigan

J.-C. Lattès ou Points Seuil

mardi 3 janvier 2012

Tricot maudit

Fil de coton bio Plassard.

J'aime bien le tricot, mais le jersey ou le point mousse seuls m'ennuient assez rapidement. J'aime que l'ouvrage entrepris comporte des étapes, cela permet de le voir vraiment avancer. J'avais tricoté à ma fille alors qu'elle avait deux ans un gilet en coton vert anis. Un gilet tout simple, au point mousse. J'avais agrémenté le col de picots, et les poignets et le bas de bordures rapportées. Elle l'a longtemps et beaucoup mis, jusqu'à ce qu'il lui aille quasiment comme un boléro mais, à 6 ans, il lui a bien fallu se résoudre à le mettre de côté. Aujourd'hui il habille ses peluches les plus grosses.
Elle a tellement aimé ce gilet malgré ses différences de nuances (des pelotes issues de trois bains de teinture différents ; je n'ai découvert qu'après comment contourner ce problème…) que je me suis toujours dit que je lui en retricoterai un dans le même style. Mais je voulais un fil plus épais car tricoter au-delà du 4 ans en 3,5 m'inspirait moyennement. J'ai fini par trouver un fil dans la bonne teinte, et si l'étiquette indiquait qu'il se tricotait avec les mêmes aiguilles que l'autre il s'est révélé plus fin encore. C'est assez typiquement moi : j'ai une chose précise en tête et je repars avec son exact opposé…
Je l'ai tricoté presque entièrement une première fois au point de jersey, aux aiguilles 3,5. Arrivée à la moitié de la deuxième manche, n'étant pas satisfaite du résultat, je l'ai défait. Je l'ai recommencé, cette fois-ci au point mousse et en 3, mais je ne sais plus trop quel problème me l'a fait mettre de côté, lasse de faire et défaire sans parvenir au résultat escompté. Lorsque je l'ai à nouveau repris l'enfant avait grandi (étonnant, non ?), et je n'avais pas envie qu'elle ne le porte qu'une saison. Donc, l'été dernier, profitant d'un séjour à la campagne, rebelote. Je comptais m'appuyer sur un des modèles proposés dans le livre Tricot pour enfants, c'est vous la styliste !, de Kate Buller (éd. Fleurus), que je pensais trouver là où on allait, mais le livre s'était caché et le mien était resté à la maison… Je me suis donc aidée d'un modèle Phildar, principalement pour le raglan. Le corps du gilet ne m'a posé aucun problème mais j'ai pas mal cherché pour les bandes de boutonnage, pour lesquelles je voulais autre chose que des côtes ou du point mousse. J'ai finalement adopté la bordure des mitaines et du cache-cœur assorti de madame Bien-fait-pour-toi, chez qui je sous-marine parfois, que j'ai aussi utilisée pour les poignets. Le col est terminé par des picots. J'aime bien cette finition qui évite toute couture et a juste ce qu'il faut de souplesse pour que le vêtement garde sa tenue. Des feuilles bordent le bas. Il ne s'agit pas des feuilles du Saroyan de Liz Abinante, qui se tricotent sur quatorze rangs ; elles sont un peu plus grandes, moins rondes, je crois.
J'ai cru m'arracher les cheveux lorsqu'il a fallu assembler les différentes parties du gilet. Les coutures semblaient trop lâches et les points irréguliers alors que j'y avais pourtant apporté grand soin. Je les ai défaites, au moins en partie, et j'ai voulu les assembler à nouveau en les tricotant à trois aiguilles. Mais autant cela fonctionne avec de la laine ou du fil synthétique, autant là ça grignait. J'ai dû faire et défaire trois ou quatre fois ce satané assemblage avant de le recoudre de façon classique, mais en double.
J'aurais tricoté le corps de ce gilet en moins de deux semaines ; les finitions, elles, m'auront demandé des mois. Je voulais que ma petite plume puisse l'étrenner à la rentrée, elle l'a reçu durant les vacances de la Toussaint. Jusqu'au bout que j'ai cru ne jamais voir j'ai eu peur de l'avoir tricoté un poil trop étroit… Je ne sais combien de temps elle le portera, la petite fille est en train de se transformer en jeune fille, mais j'espère qu'il lui ira encore à la rentrée prochaine.


Mauvaise luminosité, mauvaises photos, et je ne sais pas à quoi est dû le reflet rouge près du col. Une autre fois j'arriverai à positionner les visuels comme je veux dans le texte.


Essais et vœux

Essais de polices de caractères, de couleurs, tentative d'installation d'une infolettre. J'avais tenté d'en installer une en créant ce blougui mais j'avais dû louper quelque chose quelque part parce que ça ne marchait pas. J'en ai réinstallé une. J'espère que cela fonctionnera cette-fois…
Et puis sinon, à qui viendra s'égarer par ici, meilleurs vœux pour cette année débutante, année de beaucoup d'espoirs mais aussi de craintes…